Longtemps, l’amiante a été parée de toutes les vertus. Bon isolant thermique, acoustique, résistant au feu : le minéral était intégré dans bien des nouvelles habitations du XIXe et XXe siècle. Jusqu’à ce que de fibroses en cancers du poumon des ouvriers travaillant ce matériau, les États l’interdisent petit à petit. Mais les dégâts étaient là, et se feront sans doute encore pour plusieurs années.

Au Luxembourg, l’emploi de l’amiante dans la construction a été interdit depuis 2001. Une réaction bien plus tardive que dans les pays voisins. Ainsi, l’Allemagne avait ouvert la voie dès 1993, la France allait suivre en 1997 et la Belgique un an plus tard. Depuis, maisons et logements construits ne doivent plus contenir cette fibre naturelle mais toxique.

L’impact sur la santé? Au Grand-Duché, le ministère de la Santé vient de reconnaître que l’amiante serait à l’origine de 129 décès entre 1998 et 2022.

Le pays comptabilise ainsi les cas mortels ou non de mésothéliome, amiantosepneumoconiose ou plaque pleurale avec asbestose. Autant de maladies apparaissant non seulement parmi les ouvriers du bâtiment mais aussi, parfois, chez des habitants ayant eu le malheur de vivre longtemps dans une habitation où l’amiante se dégradait. 

Les sanctions tombent

Mais aujourd’hui, c’est un nouveau danger qui guette. Celui-ci concernerait moins les propriétaires ou les locataires que les personnels engagés dans des chantiers de rénovation. Car l’heure étant à la rénovation thermique ou à d’autres travaux d’agrandissements, les chantiers concernant des logements incluant possiblement de l’amiante sont amenés à se multiplier. Le risque est donc grand de voir les cas d’infection se développer.

En Allemagne, ce péril est loin d’être pris à la légère. Il est vrai que le pays, de 1950 à 1989, a vu au moins 9,4 millions être construites avec amiante du sol au plafond… Les funestes conséquences sont d’ailleurs bien marquées dans le pays. Sur les 8.000 décès annuels actuellement dus à l’amiante en Europe 1.500 concernent des citoyens allemands.

Récemment, le député luxembourgeois Marc Spautz a fait part de ses inquiétudes. Sait-on combien de logis du Grand-Duché contiennent encore cette substance cancérogène ? Non. Seule certitude, toute entreprise intervenant sur une habitation “amiantée” se doit d’établir une demande d’autorisation de travaux, puis établir un Plan de travail spécifique.

En 2022, les agents de l’Inspection du travail luxembourgeoise ont effectué des descentes sur 94 chantiers où les salariés étaient exposés à une présence d’amiante identifiée. À défaut d’avoir adopté les bonnes mesures de prévention, 149 infractions de “défaut de protection” ont été relevées, et 29 arrêts immédiats de travaux prononcés.

Mais signe que ce type de commandes progresse dans le BTP, l’ITM a noté que le nombre de dossiers sur des cas de travaux avec amiante qui lui ont été soumis progressait : +7 % environ en un an. De la nécessité donc que l’administration soit particulièrement vigilante (il en va de la santé des individus) et que les sociétés soient responsabilisées et agissent comme il se doit sur site. Sinon, ce ne sont pas seulement des amendes qui tomberont mais des vies qui cesseront prématurément.

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