L’affaire Gisèle Pélicot, en France, a mis en lumière l’ignominie d’actes commis alors que l’intéressée avait été droguée et était inconsciente. Une soumission chimique dont, en près de quatre ans, la Justice luxembourgeoise ne s’est préoccupée qu’à 25 reprises. Chiffre important mais certainement en deçà de la réalité.

La ministre de la Justice le reconnait d’ailleurs, au détour d’une réponse parlementaire : dans le Droit du Grand-Duché « la soumission chimique ne constituant pas une circonstance aggravante, elle n’est
actuellement pas enregistrée en tant que telle dans la base de données ». Impossible donc d’avoir des statistiques exactes sur l’ampleur du phénomène côté magistrats et police.

Reste que la loi luxembourgeoise compte bel et bien un article sanctionnant l’administration de substances de nature à altérer gravement la santé ou la perception de la réalité. Ces tristement célèbres “gouttes KO” que -principalement des jeunes filles ou femmes- ont eu le sentiment d’avoir pu boire lors d’une soirée.

Des preuves éphèmères

Mais, rappelle Elisabeth Margue, cette “situation à risque” ne concerne pas seulement les sorties en night-clubs et les demoiselles. « Des personnes de tout genre, majeures et mineures, sont susceptibles de subir de telles actes dans leur quotidien, à l’école, au travail, dans leur famille et au moment des loisirs ».

Au Grand-Duché, 2023 avait marqué un tournant dans la prévention face à cette menace invisible. Ainsi, la Police avait communiqué plusieurs messages à l’approche de la saison des carnavals. Occasion de mettre clairement en lumière ce danger et les moyens de s’en prémunir. Par ailleurs, cette question est désormais intégrée à différentes interventions en milieu scolaire.

Le Planning famlilial envisage, pour sa part, de distribuer à nouveau des “protections pour verre“. Des Drink Watch pouvant éviter un dépôt de substances dans sa boisson (le mode le plus courant). Cela venant en plus de sa mission d’écoute et prise en charge de victimes de violence -et la soumission chimique en est une.

Si la soumission représente bel et bien une « préoccupation » du Gouvernement luxembourgeois, la ministre invite surtout les victimes primo à se signaler auprès de la Police et, secundo, à prendre contact rapidement avec un médecin ou un service d’urgence (même en cas de doute).

En effet, des substances comme le GHB ou d’autres “drogues” utilisées pour cette soumission chimique ne sont détectables que pendant quelques heures dans le sang, voire dans les urines. Aussi ne faut-il pas tarder pour disposer d’une preuve d’une tentative de servitude à son insu. Mais ce réflexe reste encore peu usité ; les plaintes en matière sexuelle notamment tardant à être déposées après les faits.

 

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