La pollution de l’air s’attaque aussi à notre cerveau
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 29/10/2024 à 12:10
Quand on parle pollution atmosphérique, chacun craint pour ses capacités respiratoires. À raison d’ailleurs. Mais des travaux menés notamment par Michael Heneka, directeur du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine à l’Université du Luxembourg vient de mettre en lumière une autre faille de santé due à l’exposition aux particules fines. Celles-ci pourraient directement affecter nos capacités intellectuelles.
Après les inflammations pulmonaires, voilà ces microparticules (issues principalement de l’activité industrielle, du trafic routier, des chantiers de construction ou des feux de cheminée) pointées comme nuisible à l’activité du cerveau. L’étude qui vient d’être publiée dans la revue scientifique Alzheimer’s & Dementia fait ainsi le lien entre déclin cognitif et environnement respiré.
Avec plusieurs collègues scientifiques allemands, Michael Heneka a suivi les évaluations menées dix années durant auprès d’une cohorte de 66.000 participants (habitant aux Pays-Bas). Analyses de sang et tests cognitifs ont ainsi mis en évidence que l’exposition régulière à ces micro-polluants -même en faible quantité- pouvait nuire à la santé cérébrale. Le cerveau des individus réagissant plus lentement à des stimulis que celui de personnes évoluant dans un air plus sain tout au long de leur existence.
Des vies à sauver
Ainsi, le déclin du système cognitif le plus souvent relié à l’avancée en âge pourrait aussi trouver une de ses causes dans la qualité de l’atmosphère ambiant, au domicile, au travail, à l’extérieur.
La pollution de l’air est souvent considérée comme un danger extérieur et une menace pour la santé respiratoire. Aujourd’hui, de nouvelles recherches montrent que la pollution de l’air peut également affecter la santé de notre cerveau. Les microparticules respirées passeraient dans la circulation sanguine, entraînant une augmentation des monocytes – un type de globules blancs – ce qui finirait par agir négativement sur l’organe chargé de gérer notre mémoire, notre communication, nos gestes, notre vision, la gestion des organes du corps…
La recherche avait déjà mis en évidence un lien entre déclenchement d’AVC (accidents vasculaires cérébraux), cancer du poumon mais aussi maladies d’Alzheimer ou Parkinson et air chargé en “PM2,5”, voilà donc une nouvelle alerte pour la santé publique. Et les chercheurs engagés dans cette étude de mettre en garde contre ce risque d’altération du cerveau dans un monde à la pollution croissante et à la population vieillissante (donc plus longuement exposée).
L’an dernier, l’Agence européenne pour l’environnement avait estimé que 327.000 morts pouvaient être évitées chaque année “juste” si l’Union européenne respectait les seuils limites de pollution de l’air édictés par l’Organisation mondiale de la santé…
Sur ce chiffre, l’Agence estimait que les particules fines étaient les plus “dangereuses” (et à l’origine de 253.000 décès/an) contre le dioxyde d’azote (52.000) et l’ozone (22.000). À l’échelle du Luxembourg, les études montraient qu’en douze mois, 130 morts au Grand-Duché pouvaient être imputables au fait que la pollution dépasse les seuils de l’OMS (avec 80 disparitions directement liées aux particules fines).
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