Quand en 2018, le Luxembourg a lancé son premier Plan national antibiotiques faisait partie des pays européens les plus adeptes à ce type de médicaments. Comme la France, comme la Belgique. Ces trois pays de la Grande Région consommant alors plus de deux fois plus d’antibiotiques que leurs voisins allemands… Depuis au Grand-Duché, l’usage dans les prescriptions médicales courantes semble bien avoir diminué.

Une bonne nouvelle pour deux raisons. Primo, car déjà certains laboratoires peinent à fournir suffisamment certains cachets aux pharmacies. Si les ordonnances listent moins ce type de traitement, l‘offre pourrait alors couvrir les besoins. Secundo, car le “trop d’antibiotiques” a fini par créer une résistance quand ce n’est pas une intolérances parmi de plus en plus de patients.

Ainsi, chaque année, 35.000 européens décèdent d’infections qu’une résistance antibiotique ont rendu mortelles.

Se reposer la question du “bon usage” des antibiotiques à l’approche de l’hiver n’a rien d’aberrant. C’est en effet LA saison où ces médicaments sont le plus délivrés, visant à affaiblir et tuer les bactéries à l’origine de maux comme les angines bactériennes sont le plus délivrés.

En médecine générale et en pédiatrie, pour cette période de l’année, la plupart des antibiotiques vont ainsi être prescrits pour des infections respiratoires. Mais, contrairement à bien des idées reçues dans les familles, ce n’est typiquement pas la bonne arme contre bronchite aigüe, grippe, bronchiolite ou rhinopharyngite. Ces maladies étant d’origine virale. Et l’on ne combat pas un virus comme une bactérie !

Dépister tôt pour moins prescrire

En 2021, la consommation quotidienne d’antibiotiques au Luxembourg se situait en deçà de la moyenne européenne : 15,9 DDD/1.000 habitants (dose journalière définie) contre 16,4 sur les 30 pays observés par l’ECDC. Si la « diminution significative » de ces dernières années est saluée par la ministre de la Santé Paulette Lenert, elle s’avère satisfaisante mais pas encore suffisante.

Paulette Lenert vient d'indiquer dans une réponse parlementaire que les médecins luxembourgeois avaient à leur disposition des tests qui, à ses yeux, permettraient certainement de mieux orienter les diagnostics des infections (de la laryngite aigüe en passant par le covid, sida, l'hépatite B et C, etc).

En dépistant tôt l'origine (virale ou bactérienne) et donc en utilisant plus souvent ces divers tests, sans doute les blouses pourraient-ils encore mieux participé à la réduction d'emploi des antibiotiques, signifie la ministre à demi-mot...

Il appartiendra à la future ministre de la Santé (Martine Deprez) de voir ce qu'il est encore possible d'améliorer autour de cette question de santé publique. Le Conseil scientifique du domaine de la santé devra, lui, décidé s'il y a lieu de recommander plus encore l'usage de ces tests (dits "TROD").

Des tests qui, en France, pourraient être mis à disposition directement des pharmaciens. Ces derniers pourraient alors, sous couvert du résultat, délivrer des antibiotiques sans ordonnance pour certaines d'infections "mineures". Un projet de loi est à l'étude en ce sens. D'ici là, les antibiotiques, c'est... toujours pas automatique.

 

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