Ce polluant éternel retrouvé dans l’eau du robinet
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 23/01/2025 à 12:01
Acide trifluoroacétique ou TFA. Ces trois lettres-là préoccupent de plus en plus les scientifiques et… les collectivités en charge de distribuer l’eau potable à leurs concitoyens. En effet, il s’agit là d’un polluant (qualifié d’éternel) qui aurait des conséquences sur la santé des buveurs. La substance (inodore, incolore) ingérée aurait ainsi un impact sur la fertilité, voire accélérerait le développement de certains cancers.
En France, deux études publiées ces derniers jours, viennent de rappeler la diffusion de plus en plus large de cette molécule dans les eaux du robinet. Pas seulement ici ou là, mais bien 🔬partout sur le territoire national.
Ainsi, le laboratoire Eurofins a repéré une forte quantité de TFA dans 61 communes de l’hexagone, dont Marange-Silvange (6.500 habitants) près de Metz. D’autres prélèvements analysés à la demande des associations UFC-Que Choisir et Générations futures ont alerté sur une présence excessive dans 24 autres villes ou villages sur 30 prélèvements…
Une commission mise en place
Paris, Nantes, La Rochelle, Poitiers, Orléans, Lille (pour ne citer que les plus grandes cités concernées), ce “résidu” chimique lié à l’emploi de certains pesticides et rejets industriels frappent donc partout. Et donc au-delà de la concentration max “recommandée” par de nombreux experts de 100 ng par litre. Marange est au-delà des 3.500 ng/l par exemple quand Moussac, commune du Gard, atteint les 🇫🇷13.000 ng/l. Record national !
Depuis septembre 2020, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a fixé la dose journalière admissible pour les principaux perfluorés (dont le TFA) à 0,63 ng/kg. Une valeur qui était de 270 ng/kg encore en 2009, signe que la préoccupation grandit, à défaut de trouver une solution sanitaire efficace. Mais le TFA ne fait toujours pas partie de la vingtaine de “polluants éternels” qui doivent être obligatoirement contrôlés, selon les normes européennes.
En effet, il apparaît que les techniques de décontamination et traitement de l’eau utilisées le plus souvent s’avèrent encore impuissantes face à ce risque. Charbons actifs ou filtration membranaire laissant passer encore trop cette molécule et d’autres polluants éternels d’ailleurs.
Mais le problème ne concerne pas que la France. Ainsi, sur la Grande Région, pas un des quatre pays n’échappe à la montée de ces concentrations dans l’eau distribuée aux consommateurs. Ainsi, au Luxembourg, des échantillons transmis par le Mouvement écologique à une étude menée par avait mis en lumière « des 🇱🇺valeurs de TFA très élevées » pour les eaux (souterraines ou de surfaces) testées… Sans parler d’autres molécules nocives.
Résultat, depuis octobre 2023, une commission interministérielle (Santé, Environnement, Agriculture) a été mise en place et doit se pencher l’état des lieux au Grand-Duché et proposer des mesures. A-t-elle avancé sur ces points ? Une question parlementaire de l’ancienne ministre de l’Environnement sur ce sujet est restée lettre morte depuis un mois.
Budget faramineux
En Wallonie, des prélèvements avaient révélé la présence de TFA dans 🇧🇪598 des 642 zones de distribution d’eau. Dans certains secteurs de la Région, les concentrations dépassaient les 2.200 ng/l.
Là encore, les autorités ont assuré se montrer attentives aux sources de contamination afin de garantir la qualité de l’eau au robinet.
🇩🇪 Côté allemand, particulièrement dans les régions du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie/Westphalie, des études ont également montré une contamination notable par le TFA. Certes toujours en deçà des exigences sanitaires fixées par le gouvernement fédéral, mais suscitant l’inquiétude de bien des habitants, élus et associations.
Une étude a estimé à 🇪🇺100 milliards d’euros par an, pendant deux décennies, le montant qu’il faudrait que l’Europe débourse pour se débarrasser enfin des polluants éternels présents dans son sous-sol.
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