Que le Grand-Duché manque de médecins du travail, l’information n’est pas nouvelle. Des années que cela dure et que, de visites d’embauche à contrôles réguliers en passant par la prévention des risques, cette pénurie pèse sur le système de santé et le milieu du travail. « Déjà en 2022, rien que pour le Service multisectoriel de santé au travail (STM), il manquait 17,4 médecins à temps plein juste pour remplir à l’obligation légale qu’un médecin du travail n’ait à se préoccuper que de 5.000 salariés maximum », vient ainsi de rappeler la nouvelle ministre de la Santé.

Ainsi, Martine Deprez qui reprend ce dossier ne peut que constater la pénurie actuelle de blouses blanches au service des employeurs et des quelque 520.000 actifs du pays… Les 102 médecins du travail actuellement en poste ne suffisent pas à assumer la charge de travail pourtant imposée par la loi.

La situation s’assombrit même si l’on tient compte de deux critères. Primo, sur cet effectif, force est de constater que tous ces professionnels ne travaillent pas à temps plein (« une limitation à considérer »). Secundo, déjà 8 médecins ont atteint l’âge de la retraite et auraient déjà pu déposer le stéthoscope.

Mais comment ?

La retraite, c’est d’ailleurs ce qui pend au nez d’une bonne partie des médecins du travail en place. Dix-sept auront atteint l’âge de quitter leur service d’ici 5 ans, treize de plus dans les 10 ans… Voilà donc une prévision de baisse d’un tiers des effectifs à anticiper. Et la ministre Deprez de fixer l’objectif : « On estime qu’au cours des dix prochaines années, nous aurons besoin d’au moins 50 nouveaux médecins du travail pour pour répondre au besoin ».

Sauf qu’au-delà du bilan actuel (morose), des perspectives (sombres) et de l’objectif (élevé), la responsable n’évoque aucune piste concrète pour pourvoir aux postes déjà manquants et ceux à créer.

Dans une réponse parlementaire sur le sujet, tout juste évoque-t-elle la piste de la digitalisation qui pourrait soulager certaines missions de ces médecins. Mais sur l’effort de recrutement, pas un mot…

Le précédent gouvernement avait souhaité placer ce service sous la tutelle du ministère du Travail, qu’en est-il aujourd’hui ? Faut-il créer une formation dédiée à cette spécialité au Luxembourg ou continuer à faire appel à des médecins étrangers (80% aujourd’hui) ? Quid du bon suivi de la santé et de la prévention des risques par les autorités coupables de ne pas mettre de moyens humains suffisant déjà juste pour assumer les devoirs fixés par le Code du travail ? Motus sur tous ces points, dommage.


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