Tout aurait commencé vers 2013. À partir de cette date, reconnait le ministère de la Santé luxembourgeois, « les pénuries de médicaments se sont intensifiées ». Au point que le phénomène n’est plus anecdotique et temporaire mais vient maintenant jusqu’à toucher fréquemment et durablement « un nombre croissant de produits essentiels », vient ainsi d’indiquer la ministre Martine Deprez.

Le décompte précis ? 278 produits pharmaceutiques, a calculé l’administration pour le Luxembourg. Des cachets, des sirops, des substances injectables devenus introuvables ou difficilement disponibles, à l’exemple notamment de l’Amoxicilline ou de l’Ozempic. D’ailleurs, désormais, laboratoires-producteurs et État ont même convenu d’un deal : le premier doit prévenir l’autre, deux mois à l’avance, quand il anticipe une possible rupture d’approvisionnement. Un délai qui doit permettre aux autorités comme au secteur de la santé de trouver une parade ou le médicament de substitution au bénéfice des malades comptant sur leur traitement.

Mais cette anticipation n’est pas appliquée à 100%, et il n’est pas rare que pharmacies ouvertes au public ou hospitalières soient prises au dépourvu. Cela même si, au Luxembourg, la Division de la pharmacie et des médicaments (DPM) « a mis en place des mécanismes de gestion pour minimiser l’impact de ces pénuries sur les patients », reconnait la ministre.

💊200 substances indispensables

Reste que cette “veille active” mis en place par la DPM a pour résultat le plus souvent « d’identifier les pénuries critiques et d’explorer de nouvelles sources d’approvisionnement pour éviter des ruptures prolongées ou graves ».

Reste que du côté des producteurs de médicaments, le discours est désormais rodé pour expliquer ces manques. Excuse la plus fréquemment avancée : l‘indisponibilité de la substance active permettant la production en nombre du médicament attendu. Ou encore une défaillance de la chaîne de production, ou des problèmes de qualité. Un manque de paracétamol ici, un navire coincé par des tensions géopolitiques entre Asie et Europe, une usine affectée par un problème climatique : la production délocalisée bien loin est à la peine visiblement…

Par ailleurs, il se peut que l’industriel n’ait pas suffisamment de stock et de réactivité pour faire face à une brutale poussée infectieuse à tel point du globe. C’est de plus en plus souvent le cas pour les antibiotiques. Sachant que la demande peut tout aussi subitement bondir (et créer la pénurie) parce qu’un laboratoire a publié des résultats de tests excellents sur tel ou tel médicament.

Enfin, il n’est pas rare qu’en raison du peu de rentabilité économique de telle composition, son producteur décide tout simplement de ne plus en commercialiser.

Si la situation est tendue, les hôpitaux du pays et d’Europe veillent à ne jamais manquer de près de 200 substances actives de médicaments à usage humain considérés comme essentiels. Mais aucune garantie n’existe à 100% de tenir cet engagement, compris au Luxembourg, admet la ministre de la Santé.

Ainsi, si chaque centre hospitalier du Grand-Duché dispose de ses médicaments en nombre, « nul n’est en mesure de constituer ce type de stocks de sécurité ». D’où la volonté de mettre rapidement en place cette Centrale nationale d’achats et de logistique commune à tous les établissements de santé publics.

Cette structure, passant des commandes en plus grandes quantités, devrait être en mesure de pouvoir constituer des réserves plus conséquentes en médicaments ou en équipements médicaux. On ne va plus courir après les masques, les respirateurs, les blouses protectrices alors ?

 

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