La collaboration entre le Luxembourg Institute of health et Decathlon ressemble plus à un rallye qu’à un sprint. Quatorze ans maintenant que le centre de recherche et le distributeur aux 1.750 magasins avancent du même pas. « C’est nous qui sommes allé les voir, en indiquant que nos travaux pourraient les intéresser », se souvient le Dr Laurent Malisoux à la tête du groupe “Activité physique, sport & santé” au LIH. Et depuis 2011, déjà trois études ont été menées au Grand-Duché pour permettre à l’enseigne d’offrir de meilleurs produits aux amateurs de course à pieds.

Une fois il a été question de l’influence de l’inclinaison talon-pointe des chaussures, une autre fois les analyses ont porté sur le soutien de la voûte plantaire et déjà les scientifiques se sont penchés sur les effets d’une semelle au bon amorti. « On travaille en partenariat avec Decathlon mais les résultats de nos travaux sont publics, publiés dans les revues scientifiques et donc aussi ouverts aux concurrents. Si la marque veut continuer à être performante, elle a tout intérêt à s’intéresser à nos conclusions et à adapter ses baskets… »

Cette fois, il est à nouveau question de s’intéresser à l’amorti dans la prévention des blessures. « La pratique du jogging n’entraîne pas forcément de blessures graves, mais la fréquence ou intensité de l’effort peut lui avoir un impact sur le physique de celles et ceux qui courent. D’expérience on sait que, sur un an, environ 50% des joggers vont devoir modifier leur pratique (arrêter de courir, le faire moins souvent, raccourcir les distances) à cause de l’apparition du gêne ou d’une douleur…»

Légèreté, réactivité, prix… et amorti

Pour mener à bien sa nouvelle étude, le LIH entend mobiliser 1.000 pratiquants, hommes comme femmes, débutants comme coureurs avec déjà des kilomètres dans les jambes. Trois paires de chaussures de course seront soumises à ce panel (1 paire offerte à chaque participant-e) avec l’obligation pour les “avaleurs de bitume ou de chemins” de partager les données relatives à leurs sorties sur 6 mois. Il suffit de s’inscrire sur le site de l’Institut.

« Chaque semaine, les participants signaleront leurs éventuelles blessures ou gênes via une application web dédiée. Et à la fin du test, ils retourneront les chaussures pour une analyse plus approfondie », poursuit le Dr Malisoux désormais rôdé à ce type d’exercice.

Ainsi, sur la précédente recherche sur l’amorti, menée entre 2017 et 2020, plus de 24.000 sessions de course avaient été analysées. Soit, excusez du peu, un test grandeur nature sur 800 sportifs amateurs ayant usé leurs semelles le long de 220.000 km de parcours. « Pour vous dire comment l’industrie a progressé, ce qu’il y a quelques années était encore notre référence comme “souple” sera aujourd’hui considéré comme le niveau d’amorti le plus bas », insiste le scientifique pour montrer combien la science a fait progresser la qualité des équipements proposés.

Si d’aucuns s’attachent à saluer la légèreté ou la réactivité des nouvelles mousses de semelles, là le LIH va voir si elles apportent une réelle réduction dans le risque de blessures. « On fait du sport pour ce que cela apporte en bienfaits pour son corps ou le mental. Pas pour se plaindre de problèmes aux chevilles, genoux ou muscles. Et de cela les fabricants ont pris conscience. Au-delà du prix de vente de leurs produits, ils veulent continuer à ce que sport et bien-être restent associés. De l’utilité donc d’investir dans ce lien sport-santé-recherche », conclu Laurent Malisoux sur la ligne de départ de sa nouvelle étude.

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