RéGLiCE veut changer la donne de la mobilité entre Moselle et Luxembourg
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 21/08/2024 à 17:08
Action-réaction. À la Communauté de communes de Cattenom et environs (CCCE), la question des déplacements est devenue trop pressante pour ne plus (ré)agir. Le sujet est d’autant plus problématique quand, juste aux portes du Grand-Duché, non seulement 70% des actifs de votre territoire travaillent au Luxembourg mais surtout que la plupart des frontaliers lorrains empruntent vos axes de circulation. Les uns pestent de ne pas disposer de suffisamment de transports en commun pour rejoindre leur poste de l’autre côté de la frontières quand les autres enragent dans les bouchons…
« Sans oublier nos concitoyens ne supportant plus de voir leur commune paralysée à chaque grande vague d’aller ou retour en après-midi et début de soirée », déplore le président de l’intercommunalité. Au-delà du constat, Michel Paquet et les élus ont donc décidé de bouger. Meilleur exemple en date : la mise en place de navettes, mi-juillet, pour soulager les navetteurs qui galéraient pour se rendre et revenir du Luxembourg. « Lors de cette première phase des travaux en gare de Bettembourg, on prenait en charge de 150 à 200 personnes chaque matin », assure Roland Balcerzak, vice-président. Un « relatif succès » qui a fini de convaincre de l’utilité de trouver d’autres solutions pragmatiques à la mobilité du quotidien.
Alors, rebelote à compter de ce 2 septembre avec le lancement de RéGLiCE (pour Réseau gratuit de liaisons de Cattenom et environs). Annoncé voilà trois semaines, le service de navettes à venir compte déjà une cinquantaine de passagers inscrits !
À pieds côté Luxembourg
Cette fois, il s’agit d’ouvrir « pour au moins pour six mois» deux lignes qui circuleront matin et soir vers Mondorff. Dans un premier temps, la CCCE a ainsi décidé d’assurer des liaisons de 6h à 9h puis de 16h-19h en mini-bus. « On part avec 2 mini-bus 9 places (mais un 3e est mobilisable à tout moment si la demande le nécessite nous a promis le transporteur Transdev)», assure la Communauté pas mécontente d’apporter ce nouveau service.
« C’est d’autant mieux que les tracés choisis passent par des communes qui, jusqu’alors ne disposaient pas d’un transport public leur permettant d’aller dans cette direction : Contz-les-bains, Haute-Kontz, Beyren-les-Sierck pour l’une, Berg-sur-Moselle, Gavisse, Fixem pour l’autre », ajoutent Michel Paquet et Roland Balcerzak. Sachant que tous les passagers seront au final déposés (ou repris selon le sens de circulation) à 🇫🇷Mondorff, côté français.
Car c’est là toute l’ironie de la chose : la loi européenne ne permet pas à ce service de traverser la frontière… Les usagers mosellans devront ainsi parcourir à pied les 200 mètres les séparant de 🇱🇺Mondorf la Luxembourgeoise et l’arrêt Bei der Douane qui leur permettra de reprendre un bus régulier (412, 413, 501, 550) pour aller vers Elange, Luxembourg -gare ou Kirchberg- ou Bettembourg.
« Les bus RGTR peuvent desservir des communes lorraines -et c’est tant mieux-. Des banques ou des usines peuvent mettre en place des navettes qui passent d’un pays à l’autre avec leurs salariés mais à nous cela reste interdit », commente stupéfait Roland Balcerzak. Et l’élu de hausser le ton et de remonter les manches : « Si dans les 6 mois à revenir, on repousse cette stupide limite de dépôt juste de quelques mètres pour amener les gens directement au point de correspondance, on aura tout gagné pour l’avenir ! »
À défaut de pouvoir se retourner vers le ministre des Transports en France (démissionnaire comme le reste du gouvernement), la Communauté de communes compte bien mobiliser d’autres acteurs “influents”. Le Département de la Moselle, la Région Grand Est, l’ambassadrice de France au Luxembourg ont été interpellés comme d’autres instances politiques.
La question pourrait aussi remonter jusqu’au bureau de la ministre de la Mobilité luxembourgeoise. « Que ce soit les communes du Nord mosellan ou le Luxembourg, on a tous intérêt à trouver le plus de moyen de faciliter le flux des frontaliers », plaide Michel Paquet qui, sourire en coin, rappelle : « On ne demande pas d’argent, nous. Mais juste un soutien pour aider une population qui nous est commune ». À voir si Yuriko Backes saisira la balle au bond… En entendant, RéGLice trace sa route !
« 2026, si tout va bien »
L’an passé, le Département de la Moselle annonçait vouloir ajouter une voie de circulation à trois routes menant au Luxembourg (RD1 entre Cattenom et Mondorf, RD653 entre Hettange et Frisange et RD 15 sur l’axe Hettange – Kanfen – Volmerange). Où en est le projet ? Il avance, assure le vice-président de la CCCE Roland Balcerzak.
Et de préciser : « Il pourrait s’agir d’une voie utilisée en mode bidirectionnel selon les heures et réservée aux bus ou modes doux de placement. Là, les études ont été lancées et les premières négociations pour le rachat éventuel de terrains aussi sur la liaison Hettange-Frisange. Les premiers coups de pelleteuses pourraient être données en 2026, si tout va bien… »
Là aussi, ce n’est pas la question financière qui pourrait ralentir cette élargissement de chaussée, mais l’application de textes de loi. Notamment ceux sur les compensations environnementales à trouver a priori sur le seul territoire de la CCCE. « On va mettre de l’argent de l’opération (50% de la facture hors aide de l’Europe), on va permettre de réduire le trafic automobile et la pollution qui va avec, et il faudrait aussi que l’on rogne sur les quelques hectares qui restent pour assurer le développement de nos communes… ça fait cher payer ! », grince Michel Paquet. Et sur ce point aussi, l’absence de réponse au plus haut niveau de l’État -depuis la démission du gouvernement Attal le 8 juillet- ne manque pas d’agacer.
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