Près de 300 000 frontaliers au Grand-Duché en 2040 ?
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 25/08/2021 à 06:08
En tenant compte de la crise sanitaire actuelle, de la forte capacité de rebond de l’économie luxembourgeoise et des mutations structurelles de la démographie en Grande Région (notamment sur la future main-d’œuvre disponible,) quelles sont les tendances pressenties à horizon 2040 ?
S’appuyant sur une étude du Statec, l’Agence d’Urbanisme et de Développement Durable Lorraine Nord en France (AGAPE) a publié un résumé sur les projections 2017-2060 et les perspectives à moyen terme 2020-2024.
Elle a englobé dans cette analyse la forte croissance de l’emploi luxembourgeois entre 2017 et 2020 (+3,2% par an) et de la pandémie actuelle.
Les hypothèses d’évolution des effectifs frontaliers suivantes ont été retenues pour la période 2020-2040 :
- un coup d’arrêt en 2021 (baisse du flux français compensée par les flux belges et allemands) ;
- une reprise progressive entre 2022 et 2024, puis un retour à la normale entre 2025 et 2030 ;
Les frontaliers vers le Luxembourg : projections 2040
Dans le scénario imaginé par l’agence française, le Luxembourg compterait 258 000 frontaliers en 2030 et 296 000 en 2040.
Le flux de frontaliers français connaîtrait un fléchissement avant de retrouver son rythme actuel (64% des nouveaux frontaliers) en 2025, puis de s’intensifier jusqu’en 2040.
Les frontaliers français pourraient être plus de 160 000 d’ici 20 ans. La Moselle- Est (+3% par an) et le Nord-lorrain (+2,2% par an) afficheraient les taux de croissance les plus rapides de tous les territoires frontaliers du Luxembourg.
Projections 2040 dans le Nord lorrain
Dans le Nord-lorrain, les projections localisées, ventilées en fonction du poids de chaque territoire dans la croissance du flux de frontaliers français, montrent que la barre des 100 000 frontaliers serait franchie en 2030, dont 40 000 résideraient sur le territoire Nord de la Lorraine.
En 2040, le Nord-lorrain pourrait compter 119 000 frontaliers.
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A partir de 2030, le rythme de croissance des frontaliers fléchirait et passerait sous la barre des 2% par an sur le territoire de l’AGAPE.
Ce fléchissement est lié aux projections du STATEC, qui intègre dans ses scénarios pour 2030-2060 un facteur de disponibilité de la main-d’œuvre : sous l’effet du vieillissement de la population en Grande Région, la main-d’œuvre disponible diminue, ce qui freinerait la croissance de l’emploi au Luxembourg.
57 000 frontaliers supplémentaires d’ici 20 ans ?
La Covid-19 n’épargne pas le travail frontalier. Après l’effondrement de l’intérim observé en 2020, les premières projections montrent que le Luxembourg pourrait compter, en 2030, 10 000 frontaliers de moins que les prévisions pré-pandémie.
Toutefois, l’économie luxembourgeoise devrait, comme en 2008, se relever rapidement et le flux de frontaliers pourrait retrouver une croissance rapide (+57 000 d’ici 2040), alimentée en partie par des transferts de population depuis le Luxembourg vers les territoires voisins.
Les défis posés actuellement restent entiers et nécessitent de construire une métropole véritablement transfrontalière, basée sur un co-développement équitable et solidaire. Au risque de voir les fractures actuelles se creuser davantage.
Prix élevés de l’immobilier ; un frein
“Car les interdépendances à l’échelle de la métropole transfrontalière de Luxembourg sont nombreuses et appellent dorénavant à ce dialogue local” précise-t-on, dans la synthèse de l’AGAPE.
A titre d’exemple, les prix élevés de l’immobilier au Luxembourg favorisent des migrations résidentielles depuis le Grand-Duché vers le Nord-lorrain, alimentant la croissance démographique, mais également la hausse des prix et la pression sur le foncier.
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