L’été dernier, le Center for urban Justice (ZUG) avait tiré les oreilles de la Ville de Luxembourg. Selon ces militants, pas moins de 239 passages-piétons de la capitale ne répondaient pas aux règles du Code de la route en Zone 30, voire même 400 si l’on tenait compte de l’ensemble des rues. Le point discuté portait sur la dangerosité pour les passants d’emprunter ces zébras à l’accès masqué par des véhicules en stationnement sur des emplacements bien trop proches du point de traversée.

Un an plus tard, les activistes restent persuadés que trop de points noirs existent encore. Cependant, par la voix de Federico Gentile, ils reconnaissent aussi que leur message a été entendu, et a pu surtout entraîner des améliorations ici ou là. Au moins une quarantaine de sites ont ainsi vu leur sécurité améliorée. Soit qu’il s’agisse de nouveaux passages, soit d’anciens.

De fait, bien souvent, les nouveaux zébras peints sur la chaussée se retrouvent à distance réglementaire des premières places de parking (5 m). Ainsi, un piéton peut s’engager sur la route, de façon visible des autres usagers. Car, rappelle Federico Gentile, il ne s’agit ni d’entrer en  guerre avec les automobilistes motards ou cyclistes, ni de réduire le stationnement dans les rues : « juste de rendre la Ville plus sûre et vivable ».

Un rôle à jouer

Mais Luxembourg-ville serait-elle à ce point dangereuse pour la vie des piétons ?  ZUG n’aime pas les comparaisons. Peu importe que Copenhague soit cinq fois plus sûre ou que São Paulo soit cinq fois plus dangereuse. « Quand une personne est renversée par une voiture, c’est toujours une mauvaise chose », souligne donc Gentile.

Pour l’association, la Ville manque d’un concept global sur la façon dont elle doit gérer la sécurité de celles et ceux qui y circulent, y marchent, y pédalent. Même le récent Plan de mobilité 2035 ne répond à cette attente du ZUG. Ici, les services techniques placent par exemple des marquages au sol pour les déficients visuels mais au passage-piéton suivant, il n’y a plus d’indication. Pourquoi aussi ne pas définir aussi une largeur limitée de certains nouvelles voies pour inciter les véhicules à réduire leur vitesse ?

La liste des attentes ne s’arrête pas là. Le Center for urban Justice plaide aussi pour des temps d’attente plus réduits pour les passants aux feux de circulation. Certains arrêts de bus manquent de protection contre la pluie (ou le soleil) quand ils ne sont pas sous-dimensionnés par rapport aux passagers patientant sous la petite aubette. Là encore, la Ville a un rôle à jouer.

Et les militants d’inviter les élus à se presser sur ces questions de sécurité routière : « La capitale aime se considérer comme une ville pionnière. Elle est incroyablement riche. Il devrait donc être possible de faire beaucoup plus. Il est important de faire preuve de courage ! », encourage Federico Gentile.

Où est passée l’étude ?

Voilà plusieurs années que le ZUG est un caillou dans la chaussure de l’échevin en charge des questions de mobilité à Luxembourg-ville, Patrick Goldschmidt. Et quand lors d’un débat déjà sur la dangerosité (ou non) de certains passages-piétons, il avait été affirmé que la Ville n’en comptait pas autant que ZUG, l’association avait demandé à avoir accès à l’étude démontrant cela, refus lui avait été opposé.

Le Center for urban justice a donc demandé à la Commission l’accès aux documents de lui permettre de prendre connaissance du document. Avis favorable qui, depuis, n’a pas été suivi d’effet… Aussi, les militants entendent monter d’un cran et réclamer ce droit auprès du Tribunal administratif. Une cagnotte en ligne leur a déjà permis de récolter plus de 8.000 €, ce qui devrait permettre d’enclencher l’action en justice d’ici peu.

Contactée sur le sujet, la Ville n’a pas répondu à notre sollicitation.

 

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