Tandis qu’une écrasante majorité de salariés pestent et s’épuisent chaque jour à effectuer le trajet de leur domicile jusqu’à leur entreprise, puis le chemin inverse une fois la journée achevée, une récente étude assure que ces longues minutes (parfois même ces heures) perdues ne le seraient en réalité pas tant que ça. Au contraire.

Un sas de décompression

À l’origine de ces affirmations, le travail de deux professeurs américains de gestion, Matthew Piszcek et Kristie McAlpine,, Ensemble, ils ont mené une étude auprès de 80 employés réalisant quotidiennement un trajet aller/retour domicile-travail.

Leur objectif : prouver que ce laps de temps serait donc au final bénéfique pour les travailleurs, comme un sas de décompression leur permettant de déconnecter avant de rentrer.

On est ici sur la notion « d’espace liminal », à savoir un espace de transition d’un moment à l’autre de sa journée. Les professeurs soutiennent ainsi « qu’avec l’arrivée du Covid-19 et le développement du télétravail, les salariés ont perdu cet espace liminal, ce qui a pu engendrer du stress pour les personnes travaillant de chez elles ».

Plus c’est long, plus c’est bon ?

En langage scientifique, il s’agissait « d’étudier deux processus cognitifs : le détachement psychologique du travail (…) et la reconstruction des réserves d’énergie mentale utilisée pendant ses heures de travail », en montrant que ce laps de temps de trajet domicile – travail « crée des opportunités de détachement et de récupération ».

Quant aux résultats de l’enquête, les professeurs ont constaté que « les jours où les trajets étaient plus longs que la moyenne, les gens ont signalé des niveaux plus élevés de détachement psychologique du travail et étaient plus détendus pendant le trajet ».

Les limites du raisonnement

Profiter du trajet pour se vider la tête, appeler ses proches, écouter un podcast ou même dormir serait donc positif quelle que soit la situation ? Prudents, les enseignants précisent cependant que « les jours où les trajets étaient plus stressants que d’habitude, les 80 participants ont tout de même signalé moins de détachement psychologique du travail et moins de relaxation pendant le trajet ».

Le problème, c’est que pour les frontaliers venant chaque jour au Grand-Duché, les « trajets plus stressants » se comptent malheureusement à la pelle. Si, en temps normal, un trajet d’une distance moyenne de 44 km (à peu près équivalent à la distance Hagondange / Amnéville – Luxembourg) est estimé à 53 minutes, dans les fait, les embouteillages journaliers aux heures de pointe (et même au-delà) sur l’A3/A31 rallongent allègrement le temps de transport et perturbent copieusement la quiétude que pourrait offrir cet espace liminal. Idem pour le train où les moult retards, incidents, suppressions et travaux engendrant perturbations régulières et wagons bondés, mettent du plomb dans l’aile de cette étude.

En définitive : profiter de son trajet, quelle que soit sa durée, pour se relaxer et rentrer la tête vide chez soi, ok, mais à condition que l’on sache à l’avance combien de temps celui-ci va durer…

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