Le Luxembourg, locomotive européenne des investissements dans le train
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 24/07/2023 à 12:07
1 commentaire
Des années que la Suisse figurait en tête du classement des pays du continent consacrant le plus fort budget par citoyen dans l’achat de nouveaux trains, dans le déploiement de plus de voies ou le renouvellement de son réseau de chemin de fer. Désormais, c’est au Luxembourg que revient cette pole position. Aujourd’hui, le Grand-Duché consacrerait ainsi 575 euros par citoyen à étendre et moderniser son réseau ferré.
A analyser les budgets consacrés par les différents Etats européens, l’Allianz Pro-Schiene constate que le Grand-Duché déploie maintenant plus d’argent dans le rail que pour la route. Signe que les temps changent…
A se comparer avec ses voisins et les autres pays de l’Union européenne, le Luxembourg peut bomber le torse. “Par tête”, l’importance de ses investissements au bénéfice des 630 km de voies existantes, de ses 22 millions de passagers actuels et des futures liaisons dépassent largement des Etats bien plus grands. A commencer sur la Grande Région. C’est même plutôt au bas du classement que se retrouvent les pays voisins.
De ce trio frontalier, c’est la Belgique qui s’en sortirait “le mieux”. Avec un investissement en 2022 de 126 €/habitants 🇧🇪, le Royaume est donc trois fois moins généreux avec la SNCB que le Grand-Duché avec les CFL. L’Allemagne consacrant 114 €/hab. 🇩🇪. au profit des installations et du matériel de la Deutsche Bahn quand la France ne miserait que 46€/hab.🇫🇷 à la SNCF et au rail en général.
Certes, au prorata de la population respective des Etats cités, les budgets ne sont pas du même ordre, mais le montant par citoyen traduit bien l'effort porté ou non vers cette forme de transports en commun. Le Luxembourg, lui, a tranché : l'avenir des déplacements se fera en grande partie via le chemin de fer. Et de décider d'y consacrer 7 milliards d'euros d'ici 2039.
Il est vrai que, pour le Grand-Duché, l'accroissement attendu de la population nationale autant que la progression du nombre de frontaliers sont deux facteurs qui poussent à miser sur un réseau de trains en capacité de transporter plus de monde.
Il faut aussi penser à s'équiper avec des machines moins polluantes et moins gourmandes en énergie. C'était notamment l'enjeu de l'achat des 34 nouvelles automotrices. Les premières rames Coradia (livrées en décembre) feront leur apparition en service commercial d'ici la fin de l'année ou tout début 2024.
5 euros pour les "voisins"
Les sommes dédiées au réseau luxembourgeois servent aussi à améliorer la ponctualité des quelque 1.000 trains qui circulent chaque jour dans le pays. Si les CFL assurent que 94% des navettes voyageurs arrivent en gare à l'heure, la compagnie promet qu'il est possible de mieux faire. Mais cela passe par des aides à la conduite, des motorisations ou des systèmes de freinage plus performants et donc... de coûteuses modification dans le matériel.
Par ailleurs, le Luxembourg sait aussi se montrer "grand seigneur" avec ses voisins, les aidant à améliorer les performances et les capacités des lignes circulant à destination du Grand-Duché. Sur les 575€ annuels consacrés par habitant, 10% reviennent ainsi à des investissements sur des réseaux étrangers. A commencer par les millions promis au rail français pour accentuer le cadencement des TER et augmenter le nombre de passagers transportés.
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ceraphyn
C'est assez paradoxal... D'un côté, le Luxembourg investit effectivement dans les transports, et de façon remarquable, et d'un autre côté, c'est le bazar. Deux exemples: 1) la ligne 10, à l'arrêt depuis un an, rouverte le 5 août, refermée quelques jours après jusqu'au 20 septembre pour un remplacement de voies (ne pouvait-on pas le faire pendant que la ligne était fermée ?) et 2) Luxembourg-Müllerthal... plus de 2h en bus alors que c'est une destination touristique. Cherchez l'erreur.