« L’embouteillage est devenu le principal lieu de rassemblement dans l’espace public. » Ainsi, la nouvelle stratégie pour une Mobilité Durable (MoDu 2.0), étayée d’un rapport d’une centaine de pages, présenté par le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, résume les contraintes de mobilité qui affecte le Grand-Duché.

Le plan Modu 2.0, qui veut conscientiser l’ensemble des acteurs pour refaçonner le paysage luxembourgeois d’ici 2025 dans un premier temps, met l’accent sur quatre grands objectifs.

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95 % des trajets de moins d’un kilomètre à pied

Le premier, probablement le plus important, concerne les déplacements domicile-travail. Pour remédier en partie au flux conséquent quotidien, la brochure invite à augmenter de 50 % le nombre de passagers des transports en commun, à effectuer à pied 95 % des trajets de moins d’un kilomètre et à vélo 10 % des parcours de moins de 5 km.

En implémentant par ailleurs un réseau RGTR plus efficient et tandis que les CFL développent de nouvelles infrastructures, les automobilistes pourraient profiter d’un trafic moins dense si le taux d’occupation des véhicules dépasse 1,4 passager. Il est actuellement de l’ordre de 1,16 pour les résidents et de 1,22 pour les frontaliers.

Ce partage de voitures, via notamment le covoiturage, constitue le deuxième objectif du plan, qui vise à faire passer la moyenne générale à 1,5. « 250.000 sièges libres entrent chaque matin dans l’agglomération de la Ville de Luxembourg. »

En finir avec les trajets en voiture pour les écoliers

Troisième point de travail, celui du déplacement maison-école. Le but, à terme, est que tous les écoliers se rendent soit à pied soit à vélo soit en transports en commun (hormis les 5 % de jeunes à mobilité réduite ou pour qui l’école n’est accessible qu’en voiture).

En somme :

  • 75 % des trajets de moins d’un kilomètre se feraient à pied (58 % en 2017)
  • 15 % des trajets de moins de cinq kilomètres à vélo (3 % en 2017)
  • 50 % des trajets domicile-école fondamentale en bus (29 % en 2017) et 77 % des trajets jusqu’à l’école secondaire en bus et/ou en train (70 % en 2017).

Pour arriver à ses fins, et c’est là le quatrième objectif, MoDu 2.0 vise à améliorer l’attractivité des moyens de transport collectifs. A savoir, réduire de 25 % la part des trains en retard de six minutes ou plus et supprimer moins d’un train sur cent (1 sur 40 en 2017) entre autres.  

En parallèle, l’Etat porte l’ambition d’une mortalité nulle sur les routes (25 morts en 2017, minimum historique), d’une meilleure accessibilité pour les personnes handicapées, d’une qualité de l’air bien meilleure que celle notifiée dernièrement par l’association Votum Klima (qui passe par la décarbonisation des transports) et d’engager une Troisième Révolution Industrielle.

Décalage des horaires de lycées

Pour ce faire, Etat, employeurs, communes et citoyens sont appelés à agir de concert. L’étude préconise ainsi un certain nombre de mesures que les quatre interprètes doivent mettre en scène.

L’élaboration des plans de mobilité en fonction des localités (élargissement des trottoirs, déplacements non motorisés dans les villages, emplacements de montées et descentes des covoitureurs…) pourraient être un mix des idées émanant des habitants et des élus.

Certains lycées pourraient, avec l’accord préalable du ministère de l’Education, envisager le décalage des horaires de cours pour désengorger le trafic routier (MoDu 2.0 prend pour preuve les périodes de vacances scolaires).

Des vestiaires avec douches

Les employeurs ont également une responsabilité majeure dans l’amélioration de la qualité de vie des usagers. Ils pourraient ainsi proposer des vestiaires avec douches, des parkings à vélos sécurisés ou même faire profiter leurs salariés des avantages fiscaux accordés aux vélos de leasing, offrir une flexibilité dans l’accomplissement des heures prestées (télétravail, compte épargne-temps…).

Dans le même temps, l’Etat s’engagerait à la mise en service d’infrastructures dédiées : parc automobile à zéro émission, site expérimental numérique, pistes cyclables sécurisées (principal frein à la pratique du vélo), développement d’axes forts de transport autour desquels pourraient s’implanter des pôles de sociétés générateurs de déplacements (hôpitaux, écoles, centres universitaires et sportifs…).

A cet égard, la stratégie MoDu 2.0 cite l’exemple suisse où chaque projet industriel d’envergure requiert un concept de mobilité qui démontre la compatibilité avec l’existant.

Modernisation de 17 gares

Enfin, le dossier comporte les principaux chantiers à venir.

  • Des P&R dans le pays et participations aux financements d’espaces similaires sur les territoires voisins à Roussy-le-Village, Longwy, Stockem, Ehrang, Trier-West et Euren ;
  • L’achat de 36 nouvelles rames de train (capacité de 38.000 places assises d’ici 2024 avec vidéosurveillance, Wi-fi, compteurs automatiques de voyageurs…) ;
  • Modernisation de 17 gares dont celle de Bettembourg en 2020 et de Luxembourg en 2022 ;
  • Mise à trois voies de l’A3 avec un espace réservé aux taxis, aux bus et aux covoitureurs en heures de pointe.