D’un tempérament timoré, Mathilde traverse d’abord le stade de l’appréhension. « Qu’est-ce que je vais pouvoir faire là-bas ? », se tourmente-t-elle. L’heure est à l’anxiété, le stress de délaisser un confort de vie vieux de quinze ans dans le même établissement.

Le temps presse, l’opportunité est à saisir. D’un côté, « le train-train quotidien commence à peser », la Mosellane se languit d’une ambiance de travail un peu morne. De l’autre, l’aval de son mari la pousse à engager les démarches.

« J’ai surtout eu la possibilité d’édifier un réel espace documentaire avec des moyens à la clé ». Un défi synonyme d’épanouissement professionnel qui fait définitivement pencher la balance. Décision prise, Mathilde signe son contrat grand-ducal avec une revalorisation salariale dépassant le millier d’euros à la clé. « J’ai dit oui ! ». C’était en 2011.

Recrudescence d’abonnements de train

Cinq rentrées scolaires plus tard, la frontalière fait ses nuits. « Les travailleurs limitrophes se couchent à l’heure des poules », plaisante la documentaliste. Au début, je ne dormais plus pareil. Je connaissais pour la première fois la crainte de pouvoir être mise dehors ».

Un départ difficile où le rythme des levers à 4h45 pour des retours aux alentours 19h tranchaient avec les dix petites minutes qui la séparaient de son ancien bahut. « On se voit nettement moins en famille, convient l’intéressée. Avant nous nous levions et déjeunions tous ensemble ». Si elle ne regrette pas son choix, c’est que ses enfants sont désormais autonomes. « Dans le cas contraire, je ne l’aurais pas fait ».

Question mobilité, la voiture ? « C’est trop de stress ». Mathilde a troqué les talons contre des chaussures plus adaptées au pédalage. « Je rejoins la gare en vélo. A ma descente du train, j’enfourche un Vel’oh jusqu’à destination ».

Mais voilà, la recrudescence d’abonnements ferroviaires résultant des récents évènements a quelque peu changé la donne. « C’est rare de trouver une place assise », souffle celle qui avait pour coutume de somnoler ou de travailler durant le trajet. Et d’ajouter, contrariée : « Il y a manque de communication autour des retards réguliers ».

Ravie de participer à l’ouverture culturelle de l’école via des projets divers, Mathilde affectionne, en outre, la complicité avec des élèves qu’elle côtoie tout au long de leur cursus. Et « même si l’atmosphère n’a pas sensiblement bougé » entre confrères, l’initiative relève d’une réussite. Bilan : « Je ne pourrais plus reculer ».

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