Marina, secrétaire médicale : “Aucune chance de trouver mieux ailleurs”
Publié
par
CaptainListe
le 29/01/2016 à 05:01
« C’était marche ou crève ». Ereintée par un périple de près de vingt ans, flagellée à coups de « rendement et encore rendement », la travailleuse s’est libérée de ses chaînes.
Cela faisait un petit moment qu’elle avait mis l’une de ses amies dans la confidence. « Je me disais pourquoi pas ». Le bouche à oreille a répandu la nouvelle par delà la frontière. Jusqu’au jour où… « Un employeur m’a débauché et m’a donné l’opportunité de négocier les conditions de travail ». Le courant passe aussitôt, et Marina de franchir le pas après mûres réflexions. « Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère compte tenu de mon ancienneté ici, d’autant que j’ai deux enfants ». Mais voilà, le calcul est vite fait. Un salaire qui oscille « du simple au double » auquel elle additionne un treizième mois inédit pour elle et des prestations familiales substantielles. Formule dont elle soustrait une atmosphère professionnelle pesante.
« C’est donnant-donnant »
Une décennie plus tard, au moment de faire les comptes, la secrétaire médicale « ne regrette rien ». Catégorique, elle ne croit pas « pouvoir revenir en arrière. D’ailleurs, je n’aurais aucune de chance de trouver pareilles dispositions ». Et pour cause, au cabinet, ses collègues sont pour la plupart, comme elle, des frontaliers francophones. Même si elle ne bredouille « que trois mots » dans la langue locale, elle peut s’appuyer sur sa hiérarchie pour éteindre les litiges occasionnels, « quand cela coince avec un luxembourgeois un peu entêté ».
Ses excellents rapports avec ses supérieurs, lesquels prennent à leur charge les frais de parking, lui octroient une liberté accrue dans la gestion de ses tâches sur place ou via le télétravail. « Si un jour je désire rentrer plus tôt, personne ne sera derrière moi, apprécie Marina. Cela n’a aucune importance que je termine mon travail le mardi ou le dimanche du moment qu’il est fait ». A l’inverse, elle se dévoue de bonne grâce lorsqu’il faut faire face à des urgences. « C’est donnant-donnant ».
« Je n’ai pas à me plaindre ! »
Mais, parce qu’il y a quand même un mais, il y a bien un prix à payer. Et comme bon nombre de ses homologues, c’est en heures qu’elle compense. « Il faut passer par là, relativise l’automobiliste. J’ai tout de même l’impression que c’est de pire en pire ». Une heure et demie en moyenne, trois quand survient un incident, « c’est pénible certains jours mais c’est comme ça ». Cita peut prévoir un trafic dégagé que cinq minutes plus tard, la donne a changé. Alors Marina empreinte parfois la route. « C’est plus long en kilométrage mais au moins ça roule ». Difficile dans ces conditions de prendre rendez-vous les jours ouvrés. « Je ne prévois rien ou presque, regrette celle qui a bien essayé le train quelques mois. Entre les wagons bondés et les retards, c’est trop de contrainte ».
Alors, bon an mal an, quand parfois pèsent les pieds de plomb, elle prend du recul. « Je sais qu’il y a bien pire que moi. Je n’ai pas à me plaindre ! ».
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titipsi
Les salariés auraient tord de se plaindre quand autour d'eux il y a des milliers de sans emplois qui ne demandent qu'à travailler... Vu le niveau de cette candidate, je crois qu'elle a eu beaucoup de chance. Il est aussi bon de temps en temps de relativiser et de ne pas se prendre pour le nombril du monde ou la personne indispensable, car il se peut qu'un jour la chute fasse mal surtout dans le middle mgt et les employés peu qualifiés surpayés.
mikylux
Tout est dit!
En particulier je note le rapprochement de deux extraits:
"Une décénie plus tard ..."
et "même si elle ne bredouille que 3 mots dans la langue locale".
Une "bonne volonté" pareille, ça se trouve sous le pas de n'importe quel cheval!