Cela fait 1 an maintenant que Justine travaille au Luxembourg pour une compagnie financière. Actuellement en CDD : son deuxième contrat auprès de l’entreprise, un CDI se profile à l’horizon. Si elle espère obtenir ce précieux contrat, hier encore, elle souhaitait partir ; le rythme du frontalier lui étant très difficile à supporter.

Un temps d’adaptation très long

Métro, boulot, dodo, tel est son quotidien. Comme tant d’autres, chaque matin, Justine passe environ 1h30 dans les transports pour aller travailler. Un rythme journalier dont l’opératrice de la finance a eu beaucoup de mal à se faire. « Je passe à peu près 3 heures par jour dans les transports (train et bus). Chaque soir, j’étais lessivée ». Mais « il faut bien un salaire, et il y a pire comme emploi », avec 1900 € net mensuel, elle tient bon.

Aujourd’hui, une perspective d’embauche en CDI se présente. Si elle espère l’obtenir, elle a pourtant longtemps hésité à renouveler, ne serait-ce, que son précédent contrat. Ce n’est que depuis quelques mois seulement, qu’elle arrive à s’adapter à ce rythme.

Justine souhaitait travailler dans le marketing ou l’import-export, deux domaines inaccessibles selon elle en Moselle. Titulaire d’une maitrise de LEA (langues étrangères appliquées) et d’un master Administration des Entreprises, elle ne manque pas de diplômes. De plus, elle parle couramment le français, l’anglais, l’allemand, le japonais et a quelques notions d’italien. Des qualités linguistiques importantes qui jouent en sa faveur.

Le vrai problème, c’est son manque d’expérience professionnelle : « Il faut avoir travaillé pas mal d’années pour obtenir ce genre de poste, avec le peu que j’ai, je n’intéresse personne ». Aussi, elle pouvait intégrer en tant que commerciale une cellule d’appel, mais elle avoue ne pas avoir la santé pour supporter un tel stress, inhérent à ce genre de poste.

Une opportunité Luxembourgeoise

Pourquoi travailler dans la finance luxembourgeoise alors ? Elle-même n’aurait jamais imaginé œuvrer pour ce domaine. Pourtant, lors de ses études à Metz, les professeurs destinaient leurs élèves à devenir de futurs frontaliers. Selon eux, c’est inconcevable pour les Mosellans « de ne pas aller au Luxembourg quand on parle plusieurs langues, on nous forme à travailler dans les banques », métiers typiques du Grand Duché. Pourtant, le milieu bancaire ne l’intéressait pas, « je ne me sentais pas concernée, je me disais toujours que je ne travaillerai de toute façon jamais dans la finance ».

Lassée de ne trouver aucun emploi en France, elle tente sa chance sur un site luxembourgeois. L’opportunité se présente rapidement, elle se lance alors dans cette nouvelle aventure.

Si aujourd’hui elle s’est faite à son métier, elle ne songe pas y rester toute sa vie : « c’est vrai que mon poste présente des opportunités d’évolutions, le fait de parler plusieurs langues me plait aussi, mais ça reste chaque jour stressant et pas forcement épanouissant ». Selon elle, « le Luxembourg est surtout idéal quand on souhaite faire carrière, quand on veut se donner corps et âme à son métier ». Elle déconseille à ceux qui consacrent moins d’importance au travail, « ce quotidien n’est pas fait pour eux ».

Au contact de nombreuses nationalités

L’entreprise où elle travaille a une politique d’embauche multiculturelle. Ses collègues viennent de partout : France, Allemagne, Belgique, Italie et Luxembourg, chaque culture apportant des atouts. Pour Justine « c’est cool, même si des fois, les cultures s’affrontent ».

Quand on lui parle de la mentalité luxembourgeoise, elle esquisse un sourire. « Pour avoir un bonjour, il faut parfois le leur arracher ». Pour elle, les chauffeurs de bus sont incontestablement les plus querelleurs avec les frontaliers. Mais à cela, Justine a une technique infaillible : « je leur parle en anglais, ils sont déstabilisés et là… là ils cherchent à comprendre en parlant français ».

Pour autant, ce n’est pas une généralité. Parmi eux, elle apprécie son patron, Luxembourgeois, qui se démarque. « Il reconnaît tout le monde et a toujours un mot gentil à dire, des cadres aux petits employés comme moi, ça fait réellement plaisir ».

Pour Justine, le Luxembourg n’est que temporaire. Son projet ? Conserver cet emploi pour les quelques années à venir. Une fois assez de compétences et d’expériences professionnelles acquises, elle espère pouvoir trouver un poste en France, mais pour l’instant « tant emploi que salaire, le Luxembourg est [pour elle sa] seule option ».

A.G.