Si de nombreux frontaliers se sentent privilégiés en travaillant au Luxembourg et s’y sont parfaitement intégrés à l’image de François (Plus de travail, plus de trajets, mais plus à la fin du mois), Adrienne (Ce que l’on entend sur les Luxembourgeois n’est pas vrai !) ou encore Luc (Le Luxembourg m’a apporté plus que mon propre pays), d’autres au contraire ne s’y font pas et vivent assez mal leurs relations entre les différentes nationalités. C’est notamment le cas de Jessica.

Originaire de la région de Longwy et à bientôt 34 ans, Jessica travaille depuis dix années au Grand-Duché. Après une faillite et deux CDD, elle occupe depuis 6 ans un poste en CDI comme chef de projet dans une entreprise de télécommunication : “je gère les commandes de lignes, adsl, de lignes louées et cela, du contrat jusqu’à l’activation du service. Il y a des semaines où je fais plus de 40 heures, d’autres un peu moins, nous gérons nos heures, mais il faut que le travail soit fait” nous explique-t-elle.

Côté rémunération, Jessica touche un salaire situé entre 2.800 et 3.000€ bruts, ainsi qu’une petite prime. Mais avec “les impôts, les charges, l’entretien de la famille, les paiements d’assurances obligatoires, le prix du billet de transport, l’essence“, elle regrette de ne pas pouvoir mettre beaucoup d’argent de côté.

Des relations houleuses avec les collègues…

Lorsqu’on lui parle de son métier, Jessica est plutôt partagée : “j’aime plus ou moins ce que je fais, car c’est varié et je ne risque pas de m’ennuyer, mais j’ai l’impression qu’on profite de mes compétences, de mon intelligence et de mon savoir-faire, alors qu’en contre partie, je n’ai pas d’augmentation de salaire, pas de reconnaissance et on ne me prend pas au sérieux“.

C’est surtout l’ambiance de travail tendue qu’elle déplore, notamment avec certains de ses collègues : “Je travaille dans un environnement d’hommes et depuis quelque temps avec les problèmes de la crise, il y a beaucoup de guerre entre salariés, de mobbing. Entre frontaliers belges et allemands il y pas vraiment de soucis, c’est surtout au niveau des Luxembourgeois que le souci se pose réellement. Je subis des moqueries depuis 4 ans…“.

Au Luxembourg, on me prend pour une “pauvre française”

Jessica se dit aussi un peu perdue entre les deux mentalités : “les gens en France, me disent que j’ai de la chance de travailler au Luxembourg et que je dois être riche, alors qu’au Luxembourg, on me prend pour une pauvre française“.

Pourtant, ce n’est pas la langue qui bloque, puisque Jessica parle un peu le luxembourgeois : “j’ai fait une formation de luxembourgeois en intensif pendant 6 mois en demi journée, explique-t-elle, c’est ce qui m’avait permis aussi de faire ma place dans cette firme“.

Finalement, après 6 ans dans cette société, Jessica songe de plus en plus à partir : “subir les ragots, le mobbing de mes collègues, me fait réfléchir de plus en plus“. Elle pense ainsi changer de société et même retourner travailler en France.

Vous avez envie de partager votre expérience de frontalier et nous raconter votre quotidien ? Envoyez-nous un mail à [email protected] pour être contacté par lesfrontaliers.lu