C’était sans compter sur les aléas du quotidien qu’Eloïse partait pour « rouler [sa] bosse pendant deux ans, mettre de l’argent de côté ».

Un revenu avoisinant les 2200 euros pour un premier studio loué 400 euros TTC à une trentaine de kilomètres du cabinet d’audit. Une aubaine pour cette native de Paris, rompue au train de vie infernal de la capitale. « Rendez-vous compte, j’avais encore plus de 1.500 euros pour vivre ! C’est impensable d’où je viens ! ».

Tout comme il lui apparaît banal de s’astreindre à un temps conséquent sur la route. « C’est la routine.  Ici je prends la route et je traverse la campagne. C’est bien mieux que de subir les incivilités du périphérique », relativise Eloise. L’art de voir le verre à moitié plein.

« J’aurais gagné 1.800 euros »

Son transfuge est le résultat d’un heureux hasard. Rien n’augurait que l’auditrice financière deviendrait une frontalière franco-luxembourgeoise. « C’est un ancien membre de mon école qui a fait germé cette idée dans ma tête lors d’un forum des métiers », se souvient-elle, alors un poil réticente à s’éloigner de ses proches. C’est finalement avec plusieurs anciennes camarades de promo qu’elle effectuera le grand saut, ravie de troquer l’odeur pesante du métro pour les paysages verdoyants.

« Je n’avais jamais vu cela auparavant, sourit-elle. Tout est fait pour qu’on se sente bien ». Consciente qu’elle n’aurait jamais joui de telles conditions tant vitales que professionnelles, « à Paris, j’aurais gagné 1.800 euros », elle ressent par ailleurs une nette valorisation des compétences propres plutôt que des diplômes. « C’est bien moins élitiste, poursuit Eloïse. Ici, quand on n’a pas d’expérience, c’est une occasion pour les employeurs de nous former ».

Possibilité d’épargner davantage

En concubinage depuis son arrivée, elle se projette. Déjà, une revalorisation salariale et un bail désormais partagé en deux lui permettent d’épargner davantage. « On réfléchit également à trouver une maison au Luxembourg. Mais j’ai entendu que le voisinage luxembourgeois ne réservait pas un accueil des plus sympathiques », nuance Eloïse. A l’instar des conducteurs de bus, peu affables selon l’intéressée. « J’ai dit ‘Bonjour’ en français, j’avais l’impression de l’avoir insulté ». Pas suffisant cependant pour entamer son enthousiasme, elle qui convient qu’à ce jour, « il sera difficile de reculer. Je serais tout à fait capable de revenir en France mais je ne trouverai pas aussi bien ».

Jeune, Eloïse possède la fibre voyageuse. Et rien n’exclut qu’elle traverse une nouvelle frontière à l’avenir.

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