Damien*, 30 ans, est Coordinateur communications et événements depuis quelques mois maintenant pour une société internationale basée au Kirchberg. 

La pénurie d’offres d’emploi en France l’a poussé à franchir le pas et contrairement à beaucoup de frontaliers, ce n’est pas un bon salaire qui le motive à se lever chaque matin, mais le fait de pouvoir travailler dans ce qui lui plaît.

« Je voulais vraiment intégrer une firme qui sort de l’ordinaire »

Ce que recherchait Damien, c’est travailler dans « un environnement fun », alors il s’est renseigné et grâce au bouche-à-oreille, il a trouvé sa perle rare : une multinationale d’informatique jeune et dynamique.

C’était son objectif : « je ne cherchais pas à travailler en banque, où c’est très normé, je voulais vraiment intégrer une firme qui sort de l’ordinaire ».

Comme beaucoup, aller chaque jour au travail est une véritable odyssée. Il y a quelques mois encore, il prenait le bus pour faire Metz-Luxembourg, ce qui lui prenait 2 heures pour chaque trajet. Depuis, il prend le train et gagne un peu de temps, mais cela reste un véritable casse-tête.

Travaillant de 8h45 à 17h40, lui et sa femme (aussi en poste au Grand-Duché) se sont habitués à leurs horaires. Il regrette surtout une chose, ne plus profiter aussi bien des « happy-hours messines » qu’auparavant, nous avoue-t-il avec humour.

« Je côtoie des personnes des 5 continents avec des cultures bien différentes »

« Le Luxembourg permet de retrouver ce côté international qui manque grandement à Metz ou Nancy ». Il précise qu’il côtoie des personnes des 5 continents avec des cultures bien différentes, Américains, Chinois, Pakistanais, etc : « c’est très enrichissant ». Pour lui, travailler ici, « c’est un peu comme travailler à Londres, les gens viennent de partout et ils sont habillés comme à la City, je ne verrais jamais ça en Lorraine ! »

Les francophones sont peu nombreux, le coordinateur déclare n’avoir que 4 collègues qui viennent de France. L’usage de l’anglais est alors une condition sine qua non pour communiquer, ne serait-ce qu’entre employés.

Quant au luxembourgeois, il n’en a pas besoin, « quand je dois parler avec des entreprises locales, c’est principalement en français » nous explique-t-il.

Les frontaliers sont arrogants

Selon Damien, il existe beaucoup trop de préjugés sur les Luxembourgeois, notamment celui d’être raciste. Une idée particulièrement fausse selon lui : « une bonne partie de la population du pays est étrangère, je vois mal comment on peut dire qu’ils ne sont pas accueillants ! » s’exprime-t-il. De toute façon, travailler au Luxembourg, c’est un échange de bons procédés : « les Luxembourgeois ont besoin de nous et nous avons besoin d’eux ».

Le vrai problème viendrait, selon lui, des frontaliers eux-même, le simple fait de partir travailler au Luxembourg rendrait ses compatriotes « arrogants ». Il y aurait comme une « sorte d’écosystème » : « un banquier reste un banquier et pourtant, le fait de venir ici va le changer, va le renfermer, comme s’il faisait partie dorénavant d’une élite », regrette-t-il.

Les frontaliers ont peur d’être licenciés

Avec un salaire de 3.000 euros, des tickets restaurants et une carte Sympass, on peut comprendre que les postes soient convoitées. Mais Damien trouve qu’au Grand-Duché, on peut se faire licencier plus facilement qu’ailleurs. Et perdre son travail est une phobie pour beaucoup : « les frontaliers ont une peur bleue de perdre leur place, de se retrouver à vider leur bureau du jour au lendemain, […] c’est un peu comme être sur un siège éjectable ! Les gens sont tellement nombreux à vouloir venir travailler ici qu’on peut facilement être remplacé ». 

Aussi cette pression rendrait alors les frontaliers plus productifs à leur poste. Une bonne chose selon le coordinateur : « on se laisse moins aller ici ».

Le Luxembourg est le pays où il a pu enfin s’épanouir professionnellement, et il compte bien y faire carrière. Mais emménager au Grand-Duché n’est pour l’instant pas envisageable, lui et sa femme sont encore « bien trop attachés à Metz ».

*Le prénom a été modifié

A.G.


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