Le gouvernement luxembourgeois vient de le décider : à compter de janvier 2025, tout intérimaire dont le salaire horaire brut ne dépasse pas 25 euros va voir sa “charge fiscale” diminuer. Ainsi, d’un impôt sur le revenu basiquement fixé à 10%, le taux baisse à 7,5%. De quoi redonner une bouffée d’air en terme de pouvoir d’achat à des salariés aux revenus modestes.

Mais si la nouvelle arrive maintenant, dans l’élan d’un vaste plan de réductions fiscales, pour les entreprises du secteur c’est là une victoire « après une bataille entamée voilà plusieurs années », rappelle ainsi Marc Lebrun, président de la FEDIL Employment Services (FES) , fédération représentative du secteur. « Et les quelque 10.000 personnes actuellement sous contrat intérim au pays vont avoir là la preuve que nos sociétés se battent aussi pour leur obtenir de meilleures conditions de vie ! Là, c’est 90% des intérimaires qui sont gagnants ! »

Tout remonte en fait à 2021, quand l’ancien gouvernement a souhaité réduire la charge administrative en passant d’une carte d’impôt par année et par salarié à une carte par contrat. Ainsi, l’administration luxembourgeoise n’aurait pas à retraiter, année après année, le dossier d’un actif en CDI dans la même entreprise par exemple.

Une bataille gagnée mais pas la guerre

Sauf que le dispositif a eu un effet inverse pour le secteur de l’intérim. « À nous seuls, on a été responsables de l’introduction de 1,2 million de cartes supplémentaires… Pas vraiment un allégement donc ! » En effet, pour certains salariés en intérim, une semaine ou un mois de travail pouvait se traduire par une dizaine de contrats différents et autant de cartes à éditer. « Pour éviter cet afflux inutile, il a donc été convenu d’un taux systématique de 10% à prélever au titre de l’impôt sur le revenu pour tout intérim dont le salaire brut était sous les 25 €/heure. L’administration n’avait plus à se tracasser et nous non-plus…»

Mais depuis 2022, cette nouvelle formule a elle aussi montré ses limites. « Le taux de 10% défavorisait trop de salariés, celles et ceux en qui avaient les plus bas niveaux de rémunération. Il fallait donc réduire cette injustice », relate Marc Lebrun. D’où une nouvelle prise de contact avec le ministère des Finances.

Et c’est de ce dialogue entre représentants de la FES et Gilles Roth qu’est née cette réduction du taux nominal à 7,5%.

Mais cette avancée va maintenant venir se heurter à un autre choix fiscal voulu par le Gouvernement Frieden. En effet, avec le passage en 2025, il en sera fini de toute imposition sur le salaire social minimum non-qualifié. « Une belle avancée mais comment faire pour que ceux de nos personnels sous contrat intérim touchant cette rémunération ne soient plus du tout taxés automatiquement (0%), alors que le taux uniforme pour leur tranche de salaire a été fixée à 7,5% ? »

Certes, un salarié a toujours moyen d’établir une déclaration de revenus et récupérer la “correction” du surplus financier versé, « mais pour des actifs à petit salaire, il serait mieux de ne rien leur prélever dès le départ », souligne le président de la Fédération. Le temps devrait permettre au ministère des Finances et à l’administration fiscale d’ajuster les choses. Une bataille de gagnée, mais pas encore toute la guerre en somme.

 

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