Depuis quelques années, le terme « vert » (et le terme « social ») est devenu un concept dans le monde de la finance. Les entreprises financières prennent leurs responsabilités vis-à-vis de notre environnement, disent les uns. Tout cela n’est que du greenwashing, disent les autres – les entreprises veulent juste paraître propres à l’extérieur.

La politique luxembourgeoise veut elle aussi un monde financier durable. C’est en tout cas ce que prévoit l’accord de coalition du gouvernement CSV-DP. On y lit notamment que le Luxembourg doit devenir un « hub international pour la finance durable ». Dans une question parlementaire, la députée Sam Tanson (déi gréng) interpelle le ministre des Finances Gilles Roth (CSV).

Qu’en est-il par exemple d’une analyse sur une réduction de la taxe d’abonnement pour les investissements durables ? Selon le ministre, une telle décision prend du temps. D’une part, parce qu’une nouvelle réglementation européenne sur l’investissement durable est appliquée depuis le premier janvier 2024 seulement. D’autre part, parce qu’une réforme des obligations d’information sur les investissements durables dans l’UE est imminente. Ces évolutions devraient être prises en compte lorsqu’il s’agira de réduire les taxes sur les fonds d’investissement durable au Luxembourg.

Immense secteur financier

Pour rappel, le secteur financier au Luxembourg est énorme. Ce secteur représente environ un tiers des emplois qui en dépendent directement ou indirectement. Les fonds d’investissement luxembourgeois gèrent environ 5.500 milliards d’euros. Le secteur des fonds d’investissement luxembourgeois est ainsi le plus important en Europe et le deuxième au monde, après les États-Unis. Notez bien : pas par habitant, mais au total.

Certains activistes environnementaux voient donc un grand potentiel dans le secteur financier pour provoquer un changement.  L’année dernière, la taxe d’abonnement a rapporté à elle seule 1,2 milliard d’euros dans les caisses de l’État et représente 6 % des recettes. Son importance ne doit donc pas être sous-estimée. La suppression annoncée de la taxe d’abonnement sur une catégorie spéciale de fonds d’investissement (les ETF gérés activement) ne concerne pas seulement les fonds d’investissement durables, mais tous les fonds d’investissement de cette catégorie, précise Roth.

La finance durable au Grand-Duché est « coordonnée » par la « Luxembourg Sustainable Finance Initiative ». Elle a pour mission de mettre en œuvre la stratégie du pays dans ce domaine et d’informer sur la finance durable. Cette stratégie doit, selon le ministre, être actualisée. Pour ce faire, les acteurs de la société civile, les institutions de recherche, les institutions financières, les institutions publiques, les associations des services financiers et les régulateurs ont été interrogés afin d’obtenir une vision globale. Les premiers retours sont actuellement en cours d’analyse, précise le ministre, qui, dans sa réponse à Sam Tanson, reste toutefois muet sur la forme que pourrait prendre une telle modification de la stratégie durable du Luxembourg.

Quelques initiatives pour un monde plus durable

En revanche, Roth cite quelques initiatives qui ont vu le jour au Luxembourg et qui devraient contribuer à un monde financier plus durable. L’État soutient entre autres l’« International Climate Finance Accelerator », une structure qui doit donner une aide de départ aux gestionnaires de fonds ayant un impact vert. En outre, Roth cite le programme « Catapult : Green Fintech » – un « bootcamp » (une formation) d’une semaine sur le thème de la technologie financière verte. D’autre part, Roth cite la création d’une « Gender Finance Task Force », composée de représentants du monde financier, dont l’objectif est de « mettre en œuvre des possibilités dans le domaine de la finance sensible au genre ».

Pas de mot sur la problématique de la taxonomie européenne. En 2022, l’UE avait adopté une « taxonomie » selon laquelle les investissements dans le nucléaire et le gaz naturel sont considérés comme durables et peuvent être promus comme tels. La politique luxembourgeoise se prononce traditionnellement contre l’énergie nucléaire. L’Espagne et le Danemark s’étaient également opposés à cette décision. L’Autriche avait déposé une plainte auprès de la Cour de justice européenne. La procédure est toujours en cours.

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