Ah, la « jungle administrative »… Tout le monde s’y perd. La confusion des textes, les difficultés à remplir les dossiers, les délais impossibles à tenir, la méconnaissance des enveloppes à disposition pénalisent l’ensemble de la société. Luc Frieden en est convaincu, d’où sa volonté d’aller vers la « simplification administrative ».

Cela vaut aussi bien pour les démarches des entreprises que celles des particuliers. Et plus particulièrement celles et ceux qui attendent d’une administration un coup de pouce financier. Huit mois après sa prise de fonction, le nouveau Premier ministre luxembourgeois l’a donc déclaré à l’occasion de son 1er discours sur l’état de la Nation : il veut maintenant une « politique d’efficacité à l’aide financière ».

Car le chef du gouvernement en est convaincu, ce n’est pas l’argent qui manque dans l’action sociale luxembourgeoiseCela représente la moitié de la dépense publique !») mais bien l’accessibilité à toutes ces aides qui posent question. « C’est pourquoi nous avons lancé les premiers travaux du Guichet social unique » a assuré Luc Frieden qui ne veut plus perdre de temps sur cette question.

« Avant l’été », les premières concrétisations du projet seront connues. Mais déjà l’esprit du changement a été défini, avec comme principale ligne de conduite le once only. “Une fois seulement”, le citoyen doit avoir à déposer un document dans ses relations avec l’administration. Plus question donc de multiplier les envois selon que l’on s’adresse à la CNAP (retraite), à la Caisse pour l’avenir des enfants (allocations familiales, congé parental), Fonds national de solidarité (Revis), etc.

D’ailleurs, la plupart de ces “prestataires” seront désormais en ligne via une seule plateforme. Site internet unique où chacun pourra ouvrir et renseigner son dossier et consulter ses droits.

Une administration proactive

Pour Luc Frieden, le citoyen -résident ou frontalier- n’a plus à déposer sans cesse des pièces que telle administration a déjà en sa possession. Les éléments doivent pouvoir circuler d’un service à l’autre, d’un bureau à l’autre. La digitalisation le permet, autant en profiter. « Cela devrait éviter d’avoir autant de refus en raison de dossiers incomplets », espère le Premier ministre.

Mais, au-delà, c’est un renversement de système qu’attend le nouveau gouvernement. À l’avenir, c’est l’administration elle-même qui devra alerter untel ou tel autre qu’il entre dans le cadre d’octroi d’un dispositif. Après tout, si la loi a prévu des mesures autant qu’elles servent… Et cela d’autant plus dans un pays qui voit le risque de pauvreté progresser de jour en jour. « Dans le meilleur des cas, le citoyen n’aura plus qu’à signer », rêve le chef de la majorité CSV-DP.

Un des meilleurs (ou pires) exemples en la matière concerne notamment la “subvention de loyer”. Cette bourse devant aider les locataires à revenu modeste n’est, en réalité, sollicitée que par un quart des ayant-droits

Mais ce n’est pas seulement le volet social qui s’apprête à être bousculé par le vent de la simplification étatique. Il en sera de même pour la gestion des dossiers liés à des constructions, des opérations de rénovation, des démarches administratives des entreprises. Avec, en plus du système “once only”, la mise en œuvre du principe “Silence vaut accord”.

Autrement dit, sur certains types de dossier, à défaut d’avoir obtenu un retour du service public sollicité, il sera entendu que la démarche a été validée par les autorités. « Cela va donc demander à notre administration d’être plus réactive pour ne rien manquer », encourage fermement Luc Frieden. On comprend donc mieux pourquoi l’État a besoin de plus en plus d’agents alors…