142 millions d’euros de bourses accordés pour l’année universitaire 2021-22 : difficile d’accuser le ministère de l’Enseignent supérieur luxembourgeois de radinerie en évoquant l’aide financière (AideFi) que la Grand-Duché accorde aux étudiants. Ceux du pays comme les fils et filles de frontaliers. Car, après un long bras de fer, le Grand-Duché a revu ses critères d’attribution pour une meilleure équité dans la distribution des bourses.

Mais une récente pétition publique vient de mettre en lumière un reste d’iniquité entre jeunes poursuivant leur cursus après le bac. Ainsi, les règles en place de la Bourse de mobilité seraient nettement plus favorables aux résidents qu’à leurs homologues frontaliers. D’où l’appel de Nadège Delaive à réviser les principes d’attribution de ce coup de pouce d’un montant de 1.491 euros par semestre.

Dans le texte, la Bourse de mobilité est octroyée pour tout jeune inscrit dans un programme d’enseignement supérieur en dehors des frontières nationales de son pays de résidence. Un éloignement qui entraîne de fait la nécessité de louer un logement plutôt que de rentrer chez soi après les cours. Des frais que cette aide couvrirait donc en partie.

Choisir la distance comme critère

Mais l’universalité souhaitée n’est en fait qu’une illusion pointe la pétitionnaire. En effet, ce sont majoritairement les jeunes Luxembourgeois qui doivent se rendre à l’étranger pour étudier. En France, Allemagne ou Belgique. Cela alors que, dans la plupart des cas, les jeunes frontaliers trouvent une place dans leur pays. Ils ou elles peuvent ainsi être contraints de se déplacer bien plus loin et devoir aussi se payer un toit sans pour autant bénéficier de ladite bourse.

D’ailleurs, à se plonger dans la répartition réelle de l’aide à la mobilité, l’écart est flagrant : 91% des sommes déboursées filent vers des jeunes résidents. Soit par exemple pour la dernière année universitaire : 36,2 millions d’euros pour des dossiers de résidents et 3,7 pour ceux des frontaliers…

« Il serait plus équitable de fixer cette bourse à une distance kilométrique et non un territoire de résidence », pointe donc la pétitionnaire. Et d'évoquer concrètement ce qui la choque : « Actuellement un jeune vivant au Luxembourg et qui va à Arlon à l'école (par choix d'études) peut recevoir cette bourse s'il prend un logement en Belgique, alors qu'il pourrait rentrer chez lui. Par contre, un jeune d'Arlon qui va à Bruxelles ou Liège, un jeune de Metz qui va à Paris,.. eux ne peuvent pas la recevoir..... alors qu'ils n'ont pas le choix que de se loger ».

Si la pétition reçoit 4.500 soutiens, elle pourrait entraîner l'ouverture d'un débat public à la Chambre des députés luxembourgeois.

Par ailleurs, même si rien n'est spécifiquement prévu sur ce point dans l'Accord de coalition, la nouvelle majorité CSV-DP y note son intention de se rapprocher des associations d'étudiants afin d' « analyser une révision de la législation et adapter régulièrement les bourses étudiantes ».

Avec ce point soulevé sur la Bourse de mobilité, la ministre de l'Enseignement supérieur Stéphanie Obertin (DP) a déjà un problème à résoudre.

 

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