Vers les 8 heures de travail dominical “légalisées” dans le commerce
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 24/11/2023 à 11:11
Avec les fêtes, les ouvertures de magasins le dimanche vont se multiplier . Ce 26 novembre déjà pour certains; les 3, 10, 17 et même 24 décembre pour la plupart. Un travail dominical strictement encadré pour le commerce de détail, mais qui à l’avenir pourrait bien connaître quelques changements. Ainsi, l’Accord de coalition précise que le Code du travail sera « réformé », cela « afin de permettre aux salariés
de travailler jusqu’à huit heures le dimanche».
La mission sera confiée au nouveau ministre du Travail, Georges Mischo (CSV). Il hérite là d’un dossier relèvant du serpent de mer, tant depuis des années les partenaires sociaux en parlent, négocient et finissent par se séparer sans accord… Des rencontres qui s’étaient notamment intensifiées, vers 2021, après que l’Inspection du travail aient contrôlé (et sanctionné !) de nombreux commerces faisant travailler leurs salariés les dimanches au-delà des heures légales admises, soit 4 h/dimanche.
Selon la nouvelle majorité, cette limitation du temps de travail dominical dans le commerce de détail « n’est plus adaptée aux besoins à la fois des salariés et des entreprises ».
Les uns estimant que faire le trajet domicile-travail pour si peu de temps n’est guère rentable. Un reproche qui revient souvent dans la bouche des employés frontaliers (nombreux dans le secteur). Les patrons étant, eux, confrontés à des problèmes d’organisation des rotations de personnels sur cette journée.
Déjà beaucoup de conventions collectives
Christophe Kniebler, secrétaire général adjoint LCGB, reconnait volontiers que les deux arguments sont valables. Le syndicaliste ajoutant aussi que « le commerce est un secteur employant beaucoup de femmes, en situation mono-parentale souvent, qui sont donc obligées de trouver des solutions de garde particulières les dimanches, ce qui n’est pas simple. » Alors, quitte à s’organiser autant que cela en vaille la peine.
Mais pour le LCGB autant que pour l’OGBL, vouloir réformer le Code du Travail n’était « pas une demande ». En effet, ces dernières années, les conventions collectives se sont multiplié dans les entreprises concernées.
Supermarchés et chaînes de mode s’accordant sur les dépassements déjà possibles jusqu’à 8 heures en octroyant des bonus financiers (et éventuellement des repos) au-delà de ce que les règles nationales du Travail autorisaient. Et toujours sur la base du volontariat des salariés !
« Donc ces 8 h dominicales sont déjà une pratique très répandue et bien mieux encadrée aujourd’hui, commente David Angel secrétaire central Commerce à l’OGBL. C’est étonnant que CSV et DP veulent légiférer sur ce point. À moins… » Et les deux syndicats d’afficher la même méfiance : et si cette refonte des heures cachaient d’autres modifications à venir ?
Ainsi, la tentation pourrait être grande de vouloir aussi étendre le nombre d’exceptions accordées au travail dominical (6 dimanches/an). Une généralisation serait immédiatement repoussée par les deux syndicats, même si les primes salariales étaient conséquentes. « Car travailler le dimanche, c’est aussi se mettre en retrait d’une partie de sa vie sociale, familiale. Trop multiplier ces possibilités nuirait au final au bon équilibre du ou de la salariée engagée dans cette course aux euros .»
Même levée de boucliers attendue si les discussions s’orientaient vers des majorations de salaires insuffisantes et qui “récompenseraient” indignement ces heures si particulières du 7e jour.
Même pour les petits commerces
Les deux syndicats se retrouvent également sur un point : si révision des textes il doit y avoir que cela soit plutôt via un accord sectoriel. Pour l’instant, chaque négociation se fait enseigne par enseigne. Ne vaudrait-il pas mieux que toute la branche Commerce signe un accord généralisée pour la profession ?
« Cela clarifierait les choses notamment pour ces très nombreuses vendeuses et vendeurs qui sont salariés dans des petites boutiques et n’ont pas de convention collective qui les protège et qui assure leurs avantages en terme de pouvoir d’achat », argumente David Angel.
Contactée, la Luxembourg confederation (ex-Confédération luxembourgeoise du commerce) n’a pas donné suite à notre demande à l’heure de la rédaction de ces lignes. La branche patronale devrait pourtant avoir un avis intéressant sur la question…
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