Stéphane : « Je ne retournerai pas travailler à temps plein au Luxembourg»
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 30/11/2021 à 11:11
18 commentaires
Stéphane, 30 ans est informaticien au Luxembourg depuis quatre ans. Évoluant dans un secteur professionnel dynamique, il gagne bien sa vie avec un salaire avoisinant les 3200 euros net par mois. Il a la chance d’avoir une voiture de fonction et de profiter de tickets restaurants offerts par son employeur.
En comparant avec la France, son pays d’origine, il avoue sans ambages que le salaire et l’évolution professionnelle ne sont pas du tout les mêmes : « Si tu es un bosseur, les employeurs reconnaissants savent te récompenser. C’est appréciable. De plus, tu peux vite monter en hiérarchie. Les compétences sont valorisées à leur juste valeur. On ne le dit pas assez mais si tu as l’opportunité de travailler dans une entreprise qui est attentive au talent, ta carrière peut évoluer rapidement. Le Luxembourg, c’est ça… ».
50 euros par mois d’augmentation, il démissionne
Il se souvient d’ailleurs d’une anecdote : « Quand je pense qu’en France, j’étais rémunéré à 1500 euros net par mois » se rappelant de sa demande d’augmentation de salaire à son ancien employeur français. Il m’a accordé 50 euros par mois. « Le lendemain, je postulais au Grand-Duché. Ici, on ne joue pas dans la même cour ». Mais la crise sanitaire a changé quelque peu la donne.
20 km de la frontière, 1h30 de route
Comme de nombreux frontaliers, Stéphane a fait un point durant le confinement sur ce qu’il pouvait améliorer pour être encore plus heureux.
Tout d’abord, les trajets quotidiens qui, selon lui, sont inutiles pour certains postes : « La route, ce n’est que du stress pour un salarié et des retards à répétition pour les sociétés ».
Depuis quelques semaines, il remonte de temps en temps dans sa entreprise mais il se demande parfois pourquoi ? Il habite à 20 kilomètres de la frontière luxembourgeoise (en Belgique) mais perd toujours autant de temps sur la route : « En moyenne 3 heures dans la journée. Je crois que les employeurs luxembourgeois doivent impérativement évoluer sur cette thématique. Les transports, c’est la galère. Je remarque que c’est le premier sujet de conversation matinal au boulot. Ça a été toi sur la route ? Ou encore, on s’excuse d’être en retard : désolé ça a encore bouchonné sur la route. Les employeurs au Luxembourg sont compréhensifs mais la crise sanitaire doit être l’occasion de se poser les bonnes questions. Nous devons tous en tirer une leçon ».
Confort de vie : plus de sacrifice
D’ailleurs, il échangera dans les prochaines semaines avec son employeur sur cette nouvelle méthode de travail qui n’apporte que du positif au niveau du bien-être d’un salarié. Néanmoins, il ne sait pas si celui-ci sera ouvert au dialogue. Si un accord n’est pas trouvé : « Je pense que si je trouve un employeur belge ou luxembourgeois qui m’accorde du télétravail à temps plein. Je n’hésiterai pas à quitter mon job pour une meilleure offre ».
Il ne souhaite pas perdre un certain confort de vie, ni en productivité. Comme beaucoup de salariés, ce cadre craint désormais de retrouver « le stress journalier » et « les tensions » du présentiel.
100 % télétravail, encore mieux !
Le télétravail pour Stéphane, c’est une nouvelle manière de voir sa vie de salarié. Il préconise même si c’est possible le 100 % pour des métiers qui peuvent être digitalisés : « Travailler chez soi, c’est prendre le temps de faire tes tâches à fond. Quand tu es concentré pendant 8 heures et que personne ne te dérange, avouons que tu avances plus vite » consentant qu’il a retrouvé plus « de tranquillité » dans sa vie.
Il atteste aussi d’une meilleure manière de gérer sa vie privée et professionnelle. Il retrouve un équilibre qu’il avait perdu : « Je me sens plus serein. Je ne cours plus pour gérer les petits couacs du quotidien. Je ne cours plus non plus pour aller chercher mes enfants à l’école ».
« Travailler seul, ça s’apprend »
Est-ce que son employeur a conscience de ce mieux être ? Oui. Il compte d’ailleurs rapidement reparler de ces conditions de travail et de l’amélioration apportée par le télétravail : « Travailler seul(e), je pense que ça s’apprend. Durant un an et demi, chacun a pu tester tous les bienfaits du télétravail. Ce fut une révélation et ce sera une condition désormais non-négociable pour mon entreprise. Revivre les galères du frontalier d’avant la crise, ça ne m’intéresse plus ».
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Lire Chantal : « Le télétravail n’est pas synonyme de “télé” mais bien de “travail”»
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titiroe57
Cet article est inutile car ce n'est pas vraiment les employeurs mais les accords des gouvernements qui vont nous dire si l'on peut travailler à 10, 50 ou 100%...
Merci par contre d'avoir donné votre salaire net, je vais m'en servir pour négocier! :o)
Plus sérieusement je pense que tout le monde est d'accord avec le sujet mais il risque d'y avoir un tirage des salaires à la baisse si le 100% remote est ouvert car on va avoir des informaticiens portugais (salaire minimum 740€ brut/mois !) prendre les jobs des frontaliers...
fr0nta
Si tu regardes le fiscal de certains off shore et les offres d'emploi 100% télétravail actuellement l'un des critères est le fuseau horaire. On te dit pex GMT-2 à GMT+4...
La question est donc de savoir quels pays à bas coûts sont dans ces zones, pratiquent un anglais international compatible.
De même comment le modèle luxembourgeois des "sociétés boites aux lettres" peut-il évoluer pour devenir un modèle de domiciliation des contrats de travail des entreprises majoritairement en remote work pour toujours toucher un maximum de pognon
titovi
Le télétravail a 100% ne sera jamais autorisé pour un frontalier, règle fiscal de base... Surtout en Belgique où il faisait la chasse au facture quotidienne de repas pour prouver que le travailleur s est bien déplacer...
Raiisin
Et à l'heure actuelle c'est protégé et encadré par l'UE, ça serait vraiment une trahison si les futures lois sur le sujet autorisait ce genre de pratique massivement à l'autre bout du monde ...
Et comme dis au dessus ça a déjà été essayé il y a moment, la plupart s'en sont mordus les doigts.
iso9001
Je ne crois pas. Les employeurs s'y sont largement essayés il y a une petite quinzaine d'années. La qualité n'est pas du tout la même et la relocalisation, quand on a perdu ses compétences locales, ça coûte encore bien plus que la délocalisation.
emmanuel_verpoort
Férus de télétravail à plein temps... réfléchissez un peu à votre avenir. Maintenant vous êtes embauchés à un salaire confortable car basé sur les salaires pratiqués au Luxembourg. Télétravail veut dire que la distance travail-boulot n'existe plus.Peu importe cette distance du bureau initial à votre domicile...donc vous pouvez à terme vite etre remplacés par des gens bien moins onéreux habitant dans les pays de l'est , en Inde ou en Chine qui travaillent tout aussi bien que vous ...pour 2 à 3 fois moins cher.... Réfléchissez !
aple01
Un "nombre non considérable" ... Donc non significatif. Pas de raison pour l'employeur de changer de stratégie.
kyrna01
kyrna01
Que l'on lui supprime la voiture de société, la carte essence, les chèques repas et tous les autres avantages dont il bénéficie et on verra si il pensera la même chose !!!
spirou
Tu vas déchanter quand ton travail sera "télétravailler" dans un autre pays où les coûts salaires seront plus bas pour ton entreprise. De plus, les contacts face à face dans l'entreprise sont tout aussi importants et enrichissants dans le développement personnel. Alors à la maison ...
Raiisin
C'est surtout que les boites Luxembourgeoises devront payer les cotisations des pays concernés (France/Belgique) et c'est normal qu'elles ne le feront pas car c'est pas du tout le même coût.
Vimarech
Si je ne me trompe, en tout cas pour la Belgique, le souci n'est pas le 100% de télétravail ou pas. Mais plutôt comment sera considéré les revenus. Au delà d'un nombre limité de jours, le travailleur frontalier belge sera doublement imposer rendant les salaires net Luxembourgeois beaucoup moins attractifs. Logique sinon toutes les boîtes seraient au Luxembourg avec des teletravailleurs dans toute l'Europe, grosse perte fiscale pour les autres pays.
Marco Lambrosilam
Le problème du télétravail, c'est que un nombre non considérable d'employés en profite pour glander.
Le preuve, dans notre entreprise, certaines personnes posaient régulièrement congé les lundis, alors que les mardis ils étaint en télétravail. C'est pratique pour faire un weekend prolongé jusqu'au mercredi, non?
Comme par hasard, les mêmes personnes ne posaient jamais du congé sur les jours ou du télétravail était prévu.
Alors le patron n'a pas aimé --> on punit tout le monde, fini le télétravail, retour au poulailler !
Sylts5772
En vivant en Belgique, il peut s'assoir sur le télétravail à 100% au Luxembourg.
Je lui souhaite de trouver son bonheur, pour ma part, le télétravail, c'est bien mais sûrement pas à 100% !
Pecor
Comme le disait un lecteur , le télétravail peut-être exportable .
Dans ce cas , je pense que ce n'est qu'une question de temps pour les employeurs d'avoir recours à une main-d'œuvre tout aussi qualifiée venant de pays à bas coût .
La généralisation du télétravail apportera bientôt ce changement , ce n'est qu'une question de temps .
Raiisin
avec voiture de fonction etc... ça me parait correct
frontabelge
En même temps, à 3200€ net pour un informaticien à 30 ans, il vaut effectivement mieux aller voir ailleurs, c'est bien en dessous du marché.
pernety
Stéphane a bien raison de penser à sa vie privé et de souhaiter du télétravail à 100% mais ce n'est pas l'employeur qui décidera de cela mais les accords gouvernementaux entre le Luxembourg et ses pays voisin. Car bien que le télétravail, si il est bien cadré soit une excellente chose pour trouver un équilibre entre vie privé et vie pro, il faut faire très attention que tout ne soit pas exportable car, rien n'empêchera son entreprise d'embaucher un informaticien indien pour le revenu minimum qualifié...