Si le climat change, les règles de travail doivent suivre
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 11/02/2025 à 17:02
![](https://www.lesfrontaliers.lu/wp-content/uploads/2025/02/people-colorful-thermal-scan-with-celsius-degree-temperature-726x363.jpg)
En Espagne, la loi interdit aux couvreurs de travailler sitôt que le mercure atteint les 35°C dehors. En Grèce, les guides touristiques ont obtenu le droit de ne plus accompagner de groupe aux heures les plus chaudes de l’été. Et au Luxembourg ? « Disons que le Code du travail, la loi de 1994 ou plusieurs règlements grand-ducaux existent mais ils fixent plus de préconisations (floues) que de véritables consignes (strictes et clairement définies) pour protéger la sécurité et la santé des actifs quand survient une canicule, une période de gel ou un quelconque événement météo extrême… »
Aussi à la Chambre des salariés (CSL) il est vite apparu nécessaire de voir là où il devenait nécessaire d’apporter plus de protection pour les travailleurs dont l’activité allaient immanquablement être impactée par le dérèglement climatique en cours. « On pense immédiatement aux salariés de la construction, c’est logique. Mais ils sont loin d’être les seuls, les jardiniers, les personnels de secours, les employés de voirie qui sont au dehors au même titre que les travailleurs intérieurs effectuant des efforts physiques intenses sont et seront affectés par la hausse des températures, les questions d’humidité, etc », liste Jean-Claude Reding, vice-président de la CSL.
Et des “périls”, une météo bousculée va en faire courir de nombreux aux personnels qui devront prester dans un climat alternant périodes trop chaudes à des séquences trop froides en passant par des journées de fortes intempéries (pluie, neige) ou de bourrasques incontrôlables.
Pas des pleurnicheries
La fatigue sera le moindre des maux. « Mais il faudra aussi compter sur des troubles du sommeil, une multiplication des dommages au foie, aux reins, au cœur, sans parler des risques pour la peau d’une exposition à des UV plus intenses, un air pollué avec plus de concentration de substances dangereuses et de pollen, des bureaux surchauffés, des risques de maladies dont on pensait être à l’abri… », énumère David Buchel de la CSL avant de citer, pêle-mêle, dengue, paludisme, maladie de Lyme…
Et le pire est qu’il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe hollywoodien mais bien d’une projection sanitaire réaliste, y compris pour nos climats tempérés. « C’est pour le rappeler au Gouvernement et à l’ensemble de la société que nous publions donc cette note avec plusieurs recommandations », indique Nora Back.
Une présidente de la Chambre des salariés qui veut aussi casser immédiatement l’idée qu’il s’agirait de « pleurnicheries d’ouvriers ». « Non, les phénomènes météo plus intenses et plus fréquents qu’on nous annonce signifie des menaces pour les salariés mais pour toute la santé publique, pour la productivité des entreprises, pour la solidité de nos infrastructures et services. Cela pourrait aussi accentuer les inégalités entre les citoyens “à l’abri” et les autres. Ne pas agir coûtera très cher…»
La note est donc à discuter aussi bien avec le ministère du Travail que celle de la Santé, le patronat comme la Médecine du travail.
« Restez chez vous », vraiment ?
Dans le concret, au fil de l’analyse, la Chambre des salariés demande par exemple que l’on détaille la température maximale/minimale qui doit s’appliquer à lieu de travail (aussi bien au dedans qu’au dehors); que la loi soit plus directive sur les zones d’ombre ou les sas à mettre en place pour isoler les personnels d’une météo extrême; que des vêtements à haute-protection UV soient exigées pour des salariés œuvrant sous les rayons du soleil (ou des tenues isolantes pour ceux travaillant au froid).
Aux yeux de la CSL, il conviendrait aussi que les députés précisent si un-e salarié-e n’est pas tenu-e de se rendre sur son lieu de travail quand Lu-Alert émet le message “Restez si possible à la maison”; que les conditions du droit de retrait soient mieux définies ; que le cobalt ou le lithium notamment intègre la liste des agents cancérigènes ou mutagènes; que l’Association d’Assurance Accident (AAA) intègre dans ses analyses de cas d’accidents de trajet ou de travail si la météo a pu avoir une influence, etc…
En attendant, au Luxembourg, la règle d’or reste celle-ci : « L’employeur doit garantir sécurité et santé des salariés dans tous les aspects du travail ». Une obligation qui ne disparaît ni au soleil, ni sous la grêle, ni par grand vent.
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