L’actuel gouvernement n’a pas l’intention de réduire le temps de travail. Les 40 heures hebdomadaires ont donc encore de beaux jours devant elles au Luxembourg. Toutefois, Luc Frieden et ses ministres ont clairement l’intention de bousculer les lignes en termes d’organisation de cette durée légale. En témoigne le projet de loi sur l’extension du travail dominical dans le commerce. Mais iront-ils jusqu’à clarifier les règles sur la mise en place de la semaine de 4 jours ?

L’idée ne figure pas dans l’Accord de coalition. Mais la question revenant de plus en plus dans les discussions et la réalité des entreprises, il se pourrait que… En tout cas, si la pétition publique n°3441 obtient plus de 4.500 soutiens, il faudra bien que le sujet soit débattu par les députés. Cela pourrait alors donner une idée de la position de la majorité gouvernementale.

Avantages sur l’équilibre vie professionnelle-vie privée, sur le désengorgement de la circulation (et donc la réduction de la pollution), pour l’attractivité des sociétés pratiquant ces 40h/4 jours, sur l’efficacité et rentabilité même des salariés (plus motivés et efficaces ) : la pétition ouverte à signatures jusqu’au 23 janvier revient sur les avancées attendues de cette mise en place de ce tempo.

Mais qu’en pense le patronat luxembourgeois. Du côté, de l’Union des entreprises luxembourgeoises on s’est toujours fait discret sur ce point.  « Il ne revient pas à l’UEL de se positionner “pour” ou “contre” la semaine de 4 jours », officialise l’organe représentant le secteur privé. Ce qui veud donc dire qu’elle est loin d’y être opposée !

La 10e heure pose souci

Ce qui déplait aux membres de l’UEL, c’est avant tout le “one-size-fit-all“. Qu’un schéma unique s’applique à toutes les sociétés. Autrement dit, si certaines firmes, banques, usines, ateliers, commerces veulent aller dans le sens de la semaine de 4 jours, pourquoi les limiter à la formule actuelle du 40h/5 jours ?

Mais en l’état, le patronat a identifié un frein à cette pratique. Un frein, voir un point d’arrêt : l’article L. 211-18 du Code du travail. Celui-ci indique en effet que « lorsque les heures de travail hebdomadaires sont réparties sur 5 jours ou moins, la durée de travail normale peut d’office être portée jusqu’à 9 heures par jour, sans que le total de la durée de travail ne puisse dépasser la durée de travail normale hebdomadaire en vigueur dans l’établissement ou l’entreprise concernés ».

Résultat : dans nombre de société, quand le temps de travail journalier arrive à 10 heures (durée maximale autorisée au Luxembourg), ces ultimes 60 minutes sont à considérer comme une heure supplémentaire.

Aussi, l’UEL estime que pour que la semaine de 4 jours s’impose plus au Grand-Duché, il faut revoir cet article. Sinon cela reviendra à l’employeur à payer systématiquement 4 heures supplémentaires chaque semaine aux salarié-e-s optant pour cette organisation. Un choix inenvisageable pour l’Union des entreprises.

Les entreprises du secteur privé ne se voient pas dégager ainsi des bonus de salaire (ou des congés supplémentaires) alors que l’économie peine à retrouver son élan. Bref, plus qu’un “ni oui, ni non”, ce serait plutôt un “oui, si” qui émane de la voix patronale. Sera-t-elle entendue ? Suspense.

 

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