Quand toutes les infirmières du Luxembourg gagneront pareil…
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 03/08/2023 à 06:08
A quoi différencie-t-on, au Luxembourg, une infirmière du secteur hospitalier public d’une de ses collègues recrutée par une entreprise du secteur des soins ? Le plus souvent, à sa fiche de paie ! La première gagnant le plus souvent plus que la seconde… Mêmes gestes, mêmes connaissances, mêmes responsabilités mais pas même rémunération.
C ‘est pour en finir avec ce “gap” entre les 6.000 blouses blanches (aides-soignantes, infirmières, infirmières spécialisées) que trois “structures” entendent proposer un remède à la profession. Ainsi, a-t-on vu apparaître une revendication commune d’adopter pour les unes et les autres une même convention collective.
La branche “Santé” de l’OGBL a ainsi rejoint l’association nationale des infirmières (ANIL) et la COPAS (regroupement des prestataires de services d’aides et de soins aux seniors, malades, handicapés à domicile ou en institution) pour faire savoir qu’il était urgent d’en finir avec autant de différence salariale.
Complexe mais pas impossible
Aux yeux de tous, cette distinction viendrait freiner encore plus les recrutements dans la profession. Et pourtant, ce ne sont pas les postes au Luxembourg, pays dont près de 65% des postes infirmiers restent occupés par des recrues issues des pays voisins.
Recruter, face au vieillissement et à l’augmentation de la population, c’est devenu une priorité sanitaire pour le Grand-Duché. Dans le Plan national santé (PNS), le besoin en infirmières est d’ailleurs clairement souligné. En comparaison à la situation 2020, il faudra disposer de 3.800 infirmières de plus d’ici… 2030.
Il faudra en effet d’ici là disposer de 1.980 nouveaux postes rien que pour compenser les départs (retraite ou changement de carrière), de près de 780 infirmières nouvelles dans les hôpitaux (pour assurer la qualité de prise en charge de patients toujours plus nombreux) et un millier de contrats supplémentaires pour répondre à l’ensemble des besoins en matière de santé.
Faute de s’entendre sur les conditions de rémunération mais aussi de carrière, c’est toute la filière qui risque de voir les personnels voguer d’un employeur à l’autre en fonction des opportunités. Difficile alors de fidéliser, améliorer les compétences et assurer une stabilité des équipes.
Thème de campagne
Mais l’harmonisation ne sera bien évidemment pas simple à mettre en œuvre. Au-delà des euros, il faudra aussi mettre toutes les infirmières sur un pied d’égalité en matière de repos compensateur, de congés payés, de primes diverses, de formations continues… Complexe mais pas impossible, estiment les trois partenaires (ANIL, COPAS et OGBL).
Toujours est-il qu’il est plus que temps de régler cette question. La Fédération hospitalière du Luxembourg a qui été adressée la revendication n’a pas dit non à ouvrir la discussion. Mais…Selon la FHL, il semble « certainement judicieux de se réunir et d’analyser les deux conventions collectives, en comparant les attributions et les responsabilités » mais la fédération espère qu’il ne s’agira pas juste de batailler sur l’augmentation salariale des unes en comparaison avec les autres infirmières.
Reste à savoir ce qu’en pense l’actuelle ministre de la Santé, Paulette Lenert. La tête de liste LSAP aux prochaines élections qui se verrait bien Première ministre a certainement un point de vue à donner. Pour l’heure, silence mais voilà qui pourrait constituer un beau thème de campagne, après les vacances.
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