Que les employés des grandes surfaces du Luxembourg ou des petites boutiques se rassurent : en décidant d’étendre la plage horaire d’ouverture des commerces, le gouvernement n’entend pas les faire travailler plus, plus tôt ou plus tard. Le changement est surtout motivé comme une avancée vers plus de simplicité administrative.

En effet, la fenêtre de temps jusqu’alors autorisée était bien souvent trop juste pour bien des sociétés. Ou disons pas forcément en adéquation avec la réalité commerciale et les habitudes d’achat de tel ou tel type de clientèle. Résultat : les patrons multipliaient les demandes de dérogation, le plus souvent acceptées. Alors, autant s’adapter.

Aussi, bientôt les députés luxembourgeois devront-ils se prononcer sur de nouvelles amplitudes d’ouverture possible pour le commerce de détail. Á savoir :

  •  de 5h à 22h, du lundi au vendredi
  • de 5h à 19h, les samedi, dimanche ainsi que les veilles et jours fériés
  • de 5h h à 18h les 22 juin, 24 décembre et 31 décembre.

Le projet de loi déposé prochainement insiste bien sur le fait que cette adaptation ne constitue pas une obligation d’ouverture, juste un créneau plus vaste. « Une faculté, comme dit le texte officiel, permettant aux commerçants de pouvoir s’adapter aux préférences de leur clientèle et de leurs employés. »

Accord préalable

Si jamais, l’employeur souhaitait déroger à la nouvelle tranche horaire pour son enseigne, il lui faudra passer obligatoirement par la signature d’une convention collective évoquant ce point. Occasion donc d’écrire noir sur blanc ce qui peut en être de la rémunération ou de la prime accordable dans telle ou telle situation.

Le projet de loi initial comprend aussi une liste d’exception. Ainsi, pour les boucheries, boulangeries, pâtisseries, traiteurs et salon de consommation, la fermeture s’imposera – sans possible recours- les 1er mai, 25 décembre et 1er janvier.

Le texte en question, le temps d’être discuté par les différents partenaires sociaux et institutions et d’être voté, ne devrait pas être appliqué avant mi-2025.

« Tactique de saucissonnage »

Pour les syndicats OGBL et LCGB, il s’agit là de la mise en œuvre du « régime d’heures d’ouverture de loin le plus libéral de toute la Grande Région ». D’une même voix, ils dénoncent une régression sociale d’envergure. Un coup qui s’ajouter à l’extension prévue des heures de travail dominicales de 4 à 8 heures.

Selon les deux formations, si la loi venait à passer, cela « détruira toute vie familiale ou privée pour les 50.000 salariés concernés ».

Outre le fond de la réforme, LCGB et OGBL pointent aussi du doigt la forme avec laquelle le Gouvernement Frieden-Bettel met en place, petit à petit, son programme de “modernisation du temps de travail “.  « Il applique une tactique de saucissonnage à toutes les questions liées aux conditions de vie et de travail des salariés et de leurs familles. Au lieu de négocier ces questions en bloc au sein du Comité permanent du travail et de l’emploi, le gouvernement contourne cette institution tripartite et les usages du dialogue social au Luxembourg ».

Ainsi, les formations syndicales les plus importantes du pays (125.00 membres) estiment être « mises devant les faits accomplis, tout en adoptant une position purement patronale ».

 

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