Pas simple de savoir combien, chaque année, les salariés du Grand-Duché effectuent d’heures supplémentaires (HS). En effet, certaines passent sous les radars en étant simplement (mais légalement) juste compensées par un temps de repos. Sinon, c’est du côté des recettes de la Sécurité sociale qu’il faut chercher pour évaluer le temps passé au travail par les unes et les autres au-delà de l’horaire hebdomadaire contractuel.

En effet, comme une partie de ses heures est soumise à cotisation (pour l’assurance maladie-maternité ou dépendance selon els cas), il est possible d’en évaluer l’importance. Et c’est ce que viennent de faire ministres du Travail et de la Sécurité sociale pour répondre à une question parlementaire. Bilan du calcul : 11,2 millions d’heures supplémentaires prestées en 2023. Impressionnant !

Ces dernières années, hors période Covid, ce volume d’HS est resté relativement constant, rapportent Georges Mischo et Martine Deprez. Le nombre de personnels en poste ayant augmenté sur la période, la logique mathématique veut donc que chaque salarié au Luxembourg se soit moins souvent retrouvé “contraint” d’effectuer ce surplus de travail.

Nouvelles générations, autre choix

Meilleure organisation interne ? Effectif agrandi ? Carnet de commande plus restreint ou moins bousculé ? À chaque entreprise, ses raisons. Et le fait que les nouvelles générations soient plus sensibles à l’équilibre vie professionnelle-vie privée a sans doute pousser certains patrons à moins recourir aux heures supplémentaires que précédemment.

Sans compter que, selon une enquête de la Chambre des salariés, 53 % des employés veulent travailler moins…

Toujours est-il que cette vérité des HS varie considérablement selon les secteurs d’activité. Ainsi, même en période de vaches maigres, la Construction reste la branche la plus gourmande en heures supplémentaires. Les entreprises préférant visiblement donner plus de travail à leurs salariés déjà en poste que d’en recruter de nouveaux alors que l’avenir tarde à s’éclaircir.

Le podium HS luxembourgeois est complété par les secteurs des Transports/Logistique et du Commerce.

Outre la contrainte de disponibilité (et de fatigue), les heures supplémentaires auront toutefois eu comme "avantage" de faire rentrer plus d'argent dans les poches des salariés. Et là, chaque année, la masse salariale engendrée par ces temps de travail additionnels grimpe. Le coût horaire augmentant au fil du temps, logique.

Ainsi, en 2018, pour un ratio d'heures supplémentaires tournant là autour des 11 millions d'heures, les personnels concernés auront gagné 295 millions d'euros en plus. Pour la même durée, la somme a grimpé à 359 M€ l'an passé. Soit un surcout moyen de + 4% par an sur une demi-décennie pour les employeurs.

Malicieux, le député Marc Baum a aussi demandé combien ces HS auraient pu rapporter si, effectuées par un-e salarié-e lambda dans le cadre de son contrat de travail elles avaient été soumises à l'ensemble des cotisations sociales. Car là, il y a bien un manque à gagner pour les caisses publiques (sécurité sociale, pension).

Ce "trou" a ainsi été évalué à 137 millions d'euros l'an passé. Sous-entendu dans la question du parlementaire déo Lenk : ne vaut-il pas mieux, pour l'État, encourager les patrons luxembourgeois à embaucher plutôt que d'avoir recours aux heures supplémentaires ?

 

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