Où l’on reparle du jour de carence en cas d’absence…
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 06/01/2025 à 06:01
4 commentaires
L’idée avait déjà été soulevée début 2024, et elle pourrait sans doute refaire parler d’elle en 2025 : faut-il, ou non, introduire un jour de carence dans le Code du travail luxembourgeois ? L’interrogation vient d’être relancée par une voix “puissante” parmi les partenaires sociaux : celle de la Fédération des Artisans. Et son directeur Romain Schmit d’assumer : « Nous sommes arrivés à un stade où cette question de l’absentéisme à la carte est devenue un point de fragilité dans nombre de nos 9.000 entreprises !»
Ainsi, trop souvent, la hiérarchie constate inopinément qu’un salarié manque à l’appel sans avoir forcément de justificatif à produire pour motiver ensuite leur arrêt de courte durée (« principalement le lundi mais, étrangement, le vendredi aussi… »). Voilà qui, primo, finit par désorganiser les plans de production, l’organisation des équipes, la poursuite des chantiers. Secundo, « pénalise les collègues honnêtes qui, eux, sont présents à leur poste à défaut d’un arrêt de travail justifié ». Bref, il est temps que cela s’arrête pour l’organisation faîtière de quelque 100.000 salariés du Grand-Duché.
Et à « problème préoccupant », solutions radicales. Il s’agit d’abord de priver tout absent du salaire de son 1er jour non-presté. Par ailleurs, la Fédération invite les inspecteurs de la Caisse nationale de santé à se montrer plus rigoureux dans leurs contrôles. En l’occurrence, les employeurs vont jusqu’à demander des contrôles systématiques « pour limiter les absences non justifiées »
De son côté, selon la Fédération, la Médecine du travail doit assurer un meilleur suivi de ces personnels trop souvent introuvables à leur poste et « identifier les tendances abusives ».
Une étude des causes
Enfin, le secteur artisanal demande d’en finir avec le système permettant de continuer à cumuler des droits au congé pour les salariés absents de façon récurrente ou prolongée. Une mesure qui n’est toutefois pas directement du ressort de l’État luxembourgeois, mais fait suite à une décision européenne.
La Fédération estime, par ailleurs, que la mise en place du certificat médical numérique dans le pays et chez ses voisins permettrait un « suivi automatisé » plus simple des comportements abusifs. La CNS qui voit déjà affluer à elle de “faux certificats” devrait alors adapter ses services à ce nouvel outil. « Mais nous sommes certains que cette dépense ferait faire beaucoup d’économies à la Caisse de santé et aux entreprises », insiste Romain Schmit.
Le Luxembourg n’est pas le seul pays agité par cette question du jour de carence. Au début de l’hiver, la France avait elle aussi remis le sujet sur la table. Il s’agissait alors de savoir si l’ensemble de la fonction publique devait se voir appliquer le même régime que les salariés du privé : soit 3 jours de carence (contre 1 seul pour les personnels de l’Administration tricolore jusque-là).
L’idée était là encore de réduire un taux d’absentéisme jugé trop important dans le service public (12 jours/an en 2023 contre 10,7 dans le secteur privé). Mais la fin du Gouvernement Barnier et l’arrivée au poste de Premier ministre de François Bayrou semble avoir balayé le projet. Qui sait, à l’évocation du prochain budget 2025 de la France, le serpent de mer refera peut-être surface…
« En tout cas, conclut le directeur de la Fédération des Artisans, au Luxembourg, il est clair qu’il faut agir contre cette dérive d’un absentéisme bref, multiple et “de confort”. Depuis 2019, l’absentéisme a augmenté de + 40% avec des effets dévastateurs particulièrement dans les PME artisanales. »
Côté gouvernement, l’introduction du jour de carence ne fait pas partie de l’Accord de coalition. Mais les mesures envisagées d’ici 2028 parlent bien de « lutter contre toute forme d’abus ». Avant de déterminer via quelle(s) arme(s), une étude des causes de cet absentéisme a été demandée à la CNS. Histoire de voir s’il s’agit effectivement de comportements inacceptables ou juste le fait d’une recrudescence des absences pour raison de santé.
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Radwulf
Romain Schmitt, si tu me lis, vas bien te faire!
brush653
ce ne sont pas 'quelques'... Même si in fine je suis d'accord avec vous.
fab0412
Du coup, pour quelques abus, on puni tout le monde, même ceux qui sont rarement malade.
C'est complètement stupide. Il faut plutôt renforcer les contrôles...
flange
Ce serait normal, quand on voit l'augmentation de l'absentéisseme au Luxembourg.