Mélanie travaille depuis 8 ans dans une société de construction au Luxembourg. Ingénieur en bâtiment, chaque jour elle parcourt 1h30 le matin et pareil le soir pour venir travailler.

Elle s’y sent bien, une bonne ambiance et une belle reconnaissance de sa hiérarchie qui lui confie les dossiers les plus importants.

Sans attendre les trois mois légaux, elle annonce à son patron direct qu’elle est enceinte de seulement deux mois. C’est une petite société de moins de 20 salariés, alors pour que ses patrons ne soient pas pris au dépourvu, elle les prévient très tôt qu’elle va avoir un enfant dans 7 mois et demi.

Elle explique aussi qu’elle a l’intention de prendre un congé parental sur 24 mois, à raison d’un jour par semaine. « Jusque-là, tout va bien », nous dit-elle.

Le congé parental au Luxembourg

Quand ma femme a demandé son congé parental, elle a été licenciée !

« Mais les mois passent et elle demande finalement un congé parental à mi-temps sur un an ». A ce moment-là, elle s’entend dire des propos qui aujourd’hui encore ne passent pas.

« Mon patron me dit : quand ma femme qui travaillait outre-Atlantique a demandé son congé parental à son employeur, elle a été licenciée ! ». Choquée, Mélanie commence à s’interroger sur le sens de ce message. Son patron peut-il lui refuser son congé parental comme elle le souhaite* ?, ce n’est pas comme ça qu’elle envisageait la suite avec sa future petite fille.

« Ça ne se dit pas ! », nous confie-t-elle. Elle ajoute, « Le Luxembourg est un pays où la femme est bien représentée, où on encourage les naissances et le congé parental, il n’y a qu’à voir les aides et les facilités qu’on leur accorde ». Il lui propose alors de prendre son congé parental sur un an, mais lui demande de venir tous les matins. « Impossible de parcourir 3 heures de routes par jour pour une demi-journée de travail », nous dit-elle.

Avant mon accouchement, j’avais un poste clé

« Avant mon accouchement, j’avais un poste clé. Depuis mon retour à mi-temps, on ne me confie que des projets sans grand intérêt. J’ai été mise sur le banc de touche, comme on dit au foot ». Mélanie, qui ne comprend toujours pas insiste : « Ce n’est pas parce-que je travaille à mi-temps que je suis deux fois moins efficace. Je peux toujours traiter des dossiers très importants avec mon expérience et mon dévouement. En plus, j’aime beaucoup mon travail ».

Écœurée, nous confie-t-elle, elle décide de chercher ailleurs. Elle a trouvé un poste où l’embauchent avec son congé parental en cours. Mais avant d’accepter, et parce qu’elle a une réelle conscience professionnelle, elle a demandé un entretien avec sa direction.

Tu as eu un enfant !

Elle a pu dire tout ce qu’elle pensait, à savoir qu’elle ne comprenait pas pourquoi on la traitait de cette façon, qu’elle ne demandait qu’à travailler avec autant de dévouement….

La réponse de son chef a été surprenante : « Tu as eu un enfant ! ». Le bon sens prenant le dessus, elle lui a dit son intention de partir, sauf s’il lui faisait à nouveau confiance et lui confiait des tâches pour lesquelles elle était douée. Elle est repartie avec une promesse de repartir à zéro. Pleine d’espoir, elle attend que tout rentre dans l’ordre, ce qu’on lui souhaite évidemment….

* Voici un extrait de la loi du congé parental : “Si l’employeur refuse l’octroi du congé parental sous une de ces formes, il doit en informer le parent bénéficiaire par lettre recommandée avec avis de réception au plus tard dans les deux semaines de la demande et inviter le parent à un entretien endéans un délai de deux semaines à partir de cette notification. Dans le cadre de cet entretien, l’employeur doit motiver sa décision et proposer au parent par écrit une forme alternative de congé parental ou un plan de congé parental différent par rapport à celui demandé par le parent. Si deux semaines après cet entretien les deux parties n’arrêtent et ne signent aucun plan de congé parental, le parent a droit au congé parental suivant son choix de six mois ou de quatre mois à plein temps prévu au paragraphe 1er.”

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