Longtemps, l’évocation de l’Inspection du travail luxembourgeoise (ITM) prêtait à sourire. Dotée de peu de moyens, l’administration n’était guère en mesure d’être efficace dans le respect du Code du travail partout dans le pays. Aujourd’hui, qu’elle compte plus de 130 inspecteurs, la donne a changé. Résultat : les craintes et les reproches de certains chefs d’entreprises ont pris le dessus sur les sarcasmes.

C’est que l’ITM multiplie les contrôles, les inspections (purement administratives ou de terrain). Sur les chantiers dans les usines, dans les caves viticoles, dans les bureaux, dans les bistrots, auprès des plateformes de livraison ou même à la Schueberfouer. Et les sanctions tombent

Pour l’an passé, le rapport annuel fait ainsi état de 17.300 contrôles menées et 14,3 millions d’amendes adressées. Trop, c’est trop, affirment alors des voix parmi les vignerons, les patrons de bars ou restaurants mais aussi dans le secteur du commerce.

Une petite musique qui agace le directeur de l’ITM depuis plusieurs mois. Et déjà en avril dernier, à l’heure de présenter son bilan 2023, le “patron de l’Inspection” avait rappelé que son administration et ses personnels étaient avant tout un bouclier pour les entreprises luxembourgeoises.

Ce 3 décembre, au micro de RTL, Marco Boly a repris cette même défense face aux critiques récentes. Et d'expliquer notamment que sur le total des inspections menées les trois quarts concernaient des entreprises effectuant des missions en détachement au Grand-Duché. Les contrôler, c'est donc veiller autant sur les conditions travail des salariés que de voir si les règles du marché luxembourgeois sont bien appliquées, et donc que les entreprises nationales ne pâtissent pas d'une distorsion de concurrence.

Marge de progression

Ainsi, ce sont surtout des sociétés "étrangères" et n'ayant pas leur siège au Grand-Duché qui subiraient le plus les foudres de l'Inspection du travail, insiste son responsable. Et de le prouver chiffres à l'appui.

Sur 2023, "seules" 4.300 entreprises implantées au Luxembourg ont fait l'objet d'une inspection. Avec des infractions constatées qui ont amené l'ITM a dressé 1.100 amendes (sur un total de 13.000) pour un  montant de pénalités de 5,4 M€ (pour un global de sanctions de 14,3 M). Voilà la réalité des faits concernant la "pression" dénoncée par certains, s'offusque donc le directeur.

Alors oui, l'ITM fait son travail : elle inspecte, veille au respect des règles et punit quiconque commet une infraction en matière de salaire, de respect des congés, du temps de travail, de licenciement, de sécurité des personnels. Il en va de la bonne exécution des textes votés au Luxembourg et que chaque entreprise se doit d'adopter.

Marco Boly veut bien reconnaître que tout n'est pas parfait dans la relation entre ITM et entités visées par une inspection. Une marge de progression est même clairement possible, à ses yeux. Mais que nul ne vienne lui reprocher d'appliquer ce que le Code du travail a fixé !

D'ailleurs, les lamentations ne semblent pas affecter "l'enthousiasme" de l'Inspection et de ses inspecteurs. Ils continuent leur mission et s'adaptent à la réalité du monde du travail luxembourgeois. Ainsi, actuellement, un de leur point de fixation porte sur les employés des plateformes de livraison. Sont-ils réellement en statut d'indépendant ou subissent-ils un lien de subordination ? 90 personnels assurant des livraison ont ainsi déjà été inspectés cette année, contre 31 en 2022.

  • À lire>

Envie d'un nouveau job ?
Cliquez notre rubrique EMPLOI