En mars dernier, après l’annonce de “passages à vides” chez de gros employeurs du pays (DuPont à Contern, Husky à Dudelange, etc), il avait fallu l’organisation de toute urgence d’une tripartite sectorielle pour rassurer son monde. Non, l’industrie luxembourgeoise ne connaissait pas de brusque crise. Ouf.

La réunion avait calmé les inquiétudes mais la dernière publication du Statec va sans doute réactiver quelques craintes. En effet, les statisticiens luxembourgeois sont formels : après un repli de l’activité industrielle de janvier à mars, « les enquêtes de conjoncture ne laissent pas entrevoir de redressement de l’activité pour le second trimestre ».

Au-delà des difficultés de telle ou telle usine, les chiffres sont donc là : la production industrielle par jour ouvré a ainsi baissé de 4,7 % sur les trois premiers mois de 2023 (en comparaison avec la même période 2022).

Moral en baisse

Certes, la plupart des pays européens connaissent le même creux, mais il est d’autres Etats qui tirent toutefois mieux leur épingle du jeu. C’est le cas notamment des industries espagnoles ou allemandes qui, elles, ont bénéficié du rebond de la fabrication automobile.

Au Grand-Duché, les réductions d’activité de ces derniers mois sont parfois spectaculaires : -9 % pour la production et distribution d’énergie (la traduction directe de la baisse de la consommation),  -22 % pour l’imprimerie et la production de papier/carton.

La baisse la plus fort (- 35%) concerne la fabrication de matériaux de construction made in Luxembourg. Il s’agit là d’un contrecoup fort et direct de la brusque chute d’activité dans le bâtiment au pays.

Reste que, côté salariés, ce repli de l’industrie ne s’est pas traduit par des baisses d’effectifs. A l’échelle nationale, « l’emploi de la branche continue à progresser de manière régulière sur les premiers mois de l’année », relève le Statec. Mais d’avertir d’ores et déjà : « Cela pourrait ne pas durer »…

Par ces quelques mots, l’organisme traduit la morosité qui semble gagner, petit à petit, les chefs d’entreprise du secteur secondaire. Près de la moitié d’entre eux évoquent déjà une demande de plus en plus faible.

Les carnets de commandes ne se remplissent ainsi pas comme par le passé, et les perspectives de recrutement sont revues à la baisse. On est bien loin de l’élan affiché, il y a deux mois encore, quand le secteur envisageait plus de 700 embauches dans les deux ans…

Une bonne nouvelle se détache toutefois de ce tableau trimestriel : l’activité métallurgique se porte mieux. Après une année 2022 cahin-caha pour ce qui concernait la sidérurgie ou les activités de transformation de l’acier et des métaux non ferreux, les analystes notent une « reprise assez franche ».

 

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