En coulisses, ça dialogue, ça négocie, ça calcule. Aucun doute à avoir : s’étant dit intéressé par le rachat de l’usine Liberty Steel (en faillite), le groupe industriel Tosyali Holding multiplie les approches en direction du Luxembourg. Et du curateur au ministère de l’Économie, chaque interlocuteur tente de rassurer l’investisseur. Reprendre la production d’acier laminé et revêtu depuis Dudelange avec les 147 salariés qui faisaient jusqu’alors partie de l’entreprise peut être une opportunité.

Tout irait donc lentement mais pour le mieux. Sauf que le temps passe, usant la patience des personnels. « Après avoir vécu la chute progressive de l’activité et l’incertitude du lendemain pour leur paie ou leur job, maintenant ils finissent par se désespérer. Pour certains, on arrive au bout des couvertures sociales qui ont été mises en place », ne peut que constater Stefano Araujo, secrétaire central de l’OGBG qui suit le dossier.

Ainsi, à l’espoir de l’arrivée d’un industriel “sauveur” succède les angoisses financières pour les uns, les tracas administratifs pour les autres. « On se retrouve dans une situation assez unique dans plein de domaines mais les fonctionnaires, du Luxembourg ou pour les frontaliers, appliquent des règles qui ne correspondent pas à cette situation précaire des Liberty »

Des coûts moindres

Des papiers par ici, l’annonce du dernier versement de telle aide promise en attendant la reprise de l’activité des laminoirs de Dudelange : tout devient ubuesque à mesure que les jours passent. « Bien sûr, OGBL et LCGB ont interpellé le ministre du Travail luxembourgeois sur ces situations complexes mais c’est parfois difficiles à résoudre. Le cadre légal national, ou en France, ou en Belgique n’étant pas adapté à ce qui se vit là  », se désole le syndicaliste.

Si la flamme de l’espoir vacille encore, c’est surtout en raison de la qualité du repreneur qui s’est déclaré. Ainsi, Tosyali est-il un acteur majeur de l’industrie sidérurgique. En un peu plus de 50 ans, ce groupe a réussi à former une entité forte de 40 installations réparties d’abord en Turquie et maintenant sur trois continents. Et l’enseigne regroupe désormais 15.000 employés.

En mettant la main sur l’usine de Dudelange, Tosyali pourrait éviter les coûts de création d’un nouveau site et gagner du temps en utilisant des infrastructures et des compétences professionnelles existantes.

De plus, les installations luxembourgeoises pouvaient produire de l’acier à partir d’acier recyclé et de procédés à faible émission de CO₂. Des qualités essentielles à l’heure où l’acier vert est de plus en plus exigé, au même titre que la décarbonation de l’industrie. Allez, Tosyali, on se décide…

Et coté belge ?

Les sites Liberty Steel de sont eux aussi en fâcheuse posture. Et voilà trois mois qu’à Liège, par exemple, les 550 salariés de Liberty Steel n’ont pas perçu de salaire. Ils réclament maintenant, via les syndicats, la mise en faillite de l’entreprise au plus vite.

Le passif des sites de Tilleur et Flémalle se chiffrerait à plus de 40 millions d’euros (dont 3 M€ correspondent aux paies non versées !). Des dettes qu’un éventuel repreneur devrait prendre à sa charge, comme ce qui se négocie actuellement pour l’usine de Dudelange et ses comptes dans le rouge.

 

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