Les frontaliers qui travaillent au Luxembourg sont riches !
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 14/01/2021 à 11:01
Tordre les idées reçues sur l’image des frontaliers, tel était l’un des sujets abordés par les intervenants de l’ASTI – Association de Soutien aux Travailleurs Immigrés, lors d’une conférence de presse sur Facebook, mercredi 13 janvier 2021.
“Une image qui colle à la peau”
« Ils mangent dans deux gamelles », «Ils profitent des avantages des deux pays », « Ils travaillent au Luxembourg, donc ils sont riches », la perception négative du travailleur frontalier a longtemps existé et « résisté ». La tendance va vers un changement positif dû notamment aux conditions de travail et d’environnement imposées au quotidien : « Personne ne veut la vie du frontalier mais tout le monde l’envie ».
Combien de frontaliers en 2035 ?
A l’horizon 2035, 100 000 salariés supplémentaires viendront se rajouter dans les rangs des frontaliers.
En 1994, 50 000 frontaliers travaillaient au Luxembourg représentant 24,7% des 203 300 salariés. En 2020, les chiffres ont explosé puisqu’ils sont désormais 199 830 salariés soit 44,8% de la part de marché des 446 450 travailleurs au Grand-Duché.
Les frontaliers habitent-ils aux frontières ?
La moitié des frontaliers de France vivent dans les environs de Thionville. 73% des Belges résident dans la province de Luxembourg. Et près de la moitié des Allemands habitent près de Trèves et alentours.
Au fil des années, les frontaliers choisissent des villes un peu plus lointaines, comme Metz en France ou Bastogne en Belgique, accessibles par le réseau ferroviaire et autoroutier.
Les frontaliers travaillent-ils principalement dans la banque ?
Les trois principaux secteurs d’activité des frontaliers sont en fait, en première place, la construction (17,3%). En seconde, le commerce (15,6%). Le secteur bancaire ou la finance n’arrive que troisième au classement (12,7%).
Les frontaliers sont parfois sous-représentés dans certains secteurs, comme l’administration publique qui demande une maîtrise des trois langues.
Comment sont perçus les travailleurs frontaliers ?
Les frontaliers sont perçus comme des apports en personnel et en qualification, nécessaire pour le fonctionnement et le développement de l’économie au Grand-Duché.
Les intervenants de l’ASTI notent cependant des sentiments négatifs exprimés par les luxembourgeois comme : « La peur de perdre leur identité culturelle et de voir la pratique du luxembourgeois disparaître avec l’arrivée des frontaliers ». Autre point néfaste soulevé, les flux de frontaliers qui ont un impact négatif sur « l’environnement » et « la qualité de la vie » dans le pays.
Des frontaliers de plus en plus vieux
Autre fait important : la population des frontaliers aurait vieilli entre 1995 et 2020. En effet, la différence d’âge moyen entre les hommes et les femmes s’est réduite de même qu’entre les résidents et les frontaliers. Les femmes ont vieilli plus que les hommes.
L’âge moyen
Pourquoi les frontaliers viennent-ils au Luxembourg ?
L’ASTI remonte de nombreuses données notamment sur les motivations des frontaliers. Ils viennent au Grand-Duché pour le salaire et les avantages, 15% parce qu’il y a pas d’emploi dans leur région, 12% pour l’environnement international, 10% pour les conditions de travail meilleures et 10% parce qu’ils ont trouvé un job qu’ils adorent.
Répartition par secteurs d’activité
Quels seront les profils professionnels les plus recherchés ?
En 2019, l’Adem a mis en exergue les métiers dit “sous tension”. On y retrouve des professions comme les juristes d’avocats en fonds d’investissement, les spécialistes en droit des sociétés, les comptables, les profils médicaux, les responsables commerciaux…
Dans les années à venir, les besoins futurs dans tous les pans de l’activité économique seront différents. Ils seront plus managériaux, commerciaux, comportementaux (soft skills) et enfin linguistiques.
Parmi les 5 compétences les plus prisées, 3 relèvent des soft skills, une évolution que les recruteurs devront prendre en compte lors de l’embauche d’un salarié c’est-à-dire la capacité à s’adapter et à être flexible, le professionnalisme et la capacité à travailler en équipe.
Un documentaire dédié aux frontalières
Partant de témoignages de frontalières, la metteure en scène Sophie Langevin, invitée de la conférence de presse de l’ASTI, a souhaité faire entendre la parole des femmes qui ont le geste routinier, matin et soir, de traverser les frontières du Grand-Duché.
Dans une mise en scène ingénieuse, ce spectacle documentaire intitulé – “Les Frontalières, Terra Incognita” explore les débats intimes, sociaux et politiques qu’ouvre l’ampleur du phénomène : « Il tente de comprendre ce que vivent ces personnes et ce qu’elles apportent aux deux côtés de la frontière ». Ce projet est labellisé Esch 2022.
(Crédit photo : https://www.lalibre.be – © D.R.)
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