Certes, le marché de l’emploi du Luxembourg n’est pas au mieux. Même avec 513.600 salariés en activité enregistrés en juillet dernier, le pays a déjà fourni plus de contrats dans un passé pas si lointain. Et si le chômage des résidents augmente bien, on sait que les frontaliers sont généralement les premiers à payer le moindre repli de l’activité au Grand-Duché. Et comme l’an dernier a été marqué par une croissance négative, l’impact se fait ressentir.

Dans une publication récente, le Statec note ainsi que la perte de dynamisme dans les recrutements a essentiellement frappé les potentiels employés originaires des pays voisins. Ainsi, “l’élan frontalier” a plus que freiné : l’an dernier, “seulement” 2 % de Français, Belges ou Allemands supplémentaires sont ainsi venus occuper un nouveau poste au Luxembourg (quand le rythme atteignait + 4% en 2022 encore).

Mais à y regarder de plus près le Statec, ne met pas tous les frontaliers dans le même panier. Ainsi, les Français continuent à voir leur présence se renforcer. Leur nombre a augmenté de +3 % l’an passé, et depuis le début 2024, les travailleurs et salariées issus de l’Hexagone ont vu leur nombre progresser encore (+ 500 personnes). Les entreprises luxembourgeoises accueillant ainsi 124.174 Français dans leurs bureaux, ateliers et chantiers.

Désamour en cours ?

Une croissance sur le marché de l’emploi qui, en parallèle, n’a bénéficié qu’aux seuls résidents. Car côté Belgique et Allemagne, le Luxembourg semble être devenu moins attractif. Ainsi, depuis fin 2023, le nombre de salariés habitant en Sarre, Rhénanie-Palatinat ou Provinces de Luxembourg ou de Liège diminuent.

Les données des mois prochains permettront de savoir si cette baisse relève du hasard (embauche d’untel plutôt que tel autre) ou si un désamour s’installe entre les habitants de ces régions frontalières et les carrières offertes au Luxembourg. En tous cas, ce n’est certainement pas le niveau de rémunération proposé qui peut être la cause de ce recul. En effet, les salaires proposés aux salariés allemands et belges restent encore supérieurs que ceux perçus par leurs homologues français.

Certes, ces derniers mois, des chantiers autoroutiers sont venus perturber plus que d’habitude les navetteurs traversant quotidiennement la Moselle d’un côté, ou la Chiers de l’autre. Des trajets rendus plus longs (et donc pénibles) qui auraient pu être la goutte d’eau qui fait renoncer à un poste au Grand-Duché ? Possible…

Dans le cas allemand, il y a aussi ce problème de fiscalité sur les heures supplémentaires qui peut peser dans la décision. Côté Belges, on sait que la montée des prix de l'immobilier dans la zone frontalière a repoussé certains candidats à postuler au Grand-Duché. Et cela même si de la Bourse étudiants aux prestations familiales en passant par la baisse des impôts, les avantages sociaux peuvent toujours constituer un "hameçon" social appréciable.

Reste que gouvernement luxembourgeois comme entreprises (qui disent peiner à recruter) doivent sans doute réfléchir aux causes possibles de cette perte d'attractivité du Luxembourg auprès des bassins de vie voisins. Sur quels leviers agir ? Salaire, élargissement du télétravail, mobilité, retraite, primes... Sans doute un peu tout cela.

 

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