Les temps sont tourmentés pour le secteur de la construction et de l’immobilier. Mais si plus rien ne se vend, si plus rien ne se construit, les commandes passées auprès des architectes, urbanistes, ingénieurs-conseils et architectes paysagistes ou d’intérieur chutent elles aussi. D’où des craintes de plus en plus vives de la part de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) représentant les quelque 5.700 employés du secteur.

Et l’OAI a de bonnes raisons de trembler. Déjà car, ces 12 derniers mois, 17 % des bureaux d’architectes et autres professionnels ont déjà dû se séparer de collaborateurs. Mais une récente enquête est venue préciser la nature des nuages noirs qui commencent à planer au-dessus de ces acteurs du bâtiment et de l’aménagement public.

Ainsi, le sondage mené par l’Ordre indique qu’un tiers des bureaux d’architectes participant considèrent que leur situation économique est mauvaise. Plus de la moitié estiment que cette situation ne va pas s’améliorer dans les six prochains mois. Plus alarmant encore : 60 % des bureaux reconnaissent que les liquidés dont ils disposent ne leur permettront de tenir que trois mois seulement…

Pour un ministère de la Construction

Selon le même rapport, les carnets de commandes sont impactés. Constat préoccupant pour des professionnels qui, généralement, sont sollicités plusieurs mois voire années avant que les projets ne sortent de terre. En l’état actuel, la moitié des 786 employeurs du secteur estiment à moins de 6 mois la visibilité qu’ils ont sur leur volume de travail.

Alors que Luc Frieden mène les consultations en vue de conclure l’accord de coalition du prochain gouvernement luxembourgeois, l’OAI tient donc à attirer l’attention de la nouvelle majorité CSV-DP. Du coup, l’Ordre vient d’adresser un courrier où elle liste ses suggestions, revendications… Insistant notamment sur l’utilité de prévoir des aides spécifiques pour ce secteur.

Dans la lettre, il est également question de six points importants :

  1. Définir un véritable Code de la construction et, pourquoi pas, disposer d’un « Bauteminister » (ministre de la construction). « Il s’agirait d’un interlocuteur dédié, au-delà de la seule problématique du logement », précise la présidente de l’OAI, Michelle Friederici
  2. Nouvelle politique architecturale
  3. Une réforme de la législation portant organisation des “professions OAI “
  4. La réforme de la législation sur les marchés publics: attribution du marché, sur base de critères qualitatifs QBS (Quality based selection)
  5. Une réforme du Code civil et des règles régissant les responsabilités des constructeurs et des assurances
  6. Une aide pour le secteur des concepteurs indépendants pour améliorer leur compétitivité

Par ailleurs, Architectes et Ingénieurs-conseils encouragent eux aussi la puissance publique à investir dans la pierre. Autrement dit à lancer de grands chantiers, pour soutenir le secteur dans un premier temps mais lui garantir un avenir ensuite.

Message déjà entendu pour partie par le gouvernement semble-t-il et la Ville de Luxembourg qui, chacun à son échelle, ont décidé de sauver divers projets immobiliers.

 

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