Le secteur Santé sous la pression des heures supplémentaires
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 14/10/2024 à 12:10
Clairement, les “années coronavirus” n’ont pas manqué de donner du travail (et du stress) aux personnels du secteur médical. Mais si l’épidémie a fortement régressé, force est de constater que le nombre d’heures supplémentaires réalisées par ces salariés ont moins chuté que l’intensité du Covid… Ainsi, en 2023 encore, 362.000 heures supp‘ ont été prestées par médecins, infirmières, laborantins et autres actifs de cette branche d’activité. Soit un niveau quasi double de ce qu’il était encore en 2018…
Pour l’an passé, 8.700 personnels ont ainsi été “contraints” de travailler au-delà du temps fixé par leur contrat de travail. Une situation qui frappe d’abord les hôpitaux (près du tiers des heures supplémentaires réalisées) mais aussi les hébergements sociaux pour seniors ou personnes handicapées, les structures pour jeunes enfants, les unités de prises en charge des toxicomanes, etc. Bref, aucune entité de la Santé humaine ou de l’Action sociale qui n’échappent au phénomène.
Interrogée sur la tendance, la ministre de la Santé évoque une cause première : l’absentéisme. Ainsi, l’usage de personnels au-delà du temps de travail habituel aurait pour origine la “non-présence” de collègues. En effet, indique Martine Deprez, en raison de personnels en arrêt maladie, le taux d’absentéisme du secteur est passé de 5% en 2019 (nombre de jours d’incapacité de travail rapporté au nombre de jours d’occupation), à 6% l’an passé.
Plus de personnels “retenus” à la maison voilà qui, de fait, vient augmenter la charge de travail sur les présents. « Mécaniquement », comme dit la ministre…
Des métiers difficiles et… en pénurie
Cependant, Martine Deprez diagnostique une autre cause à cette tendance : le manque d’effectifs. Et là, il ne s’agit pas d’un problème temporaire mais bien structurel dans ces professions. D’ailleurs, dans la liste des métiers très en pénurie dressée par l’ADEM figure “métiers de l’action sociale” et “soins infirmiers généralistes”. Le Luxembourg manque d’éducateurs autant que de “blouses blanches”.
Le besoin ne date pas d’hier, mais même avec un fort appel à la main d’œuvre qualifiée frontalières, les recruteurs n’arrivent plus à combler les vides dans certains services. D’où une “pression” exercée sur les personnels en poste pour qu’ils ou elles effectuent plus d’heure. Avec les risques de fatigue que cela peut engendrer (et d’arrêts médicaux…).
Car, chacun le sait, il s’agit là de métiers difficiles. Prendre soin des autres (dans le “care” ou le “cure”) est usant, physiquement, moralement. Et la carrière attire bien moins que par le passé, même avec des niveaux de salaires plus élevés au Luxembourg qu’ailleurs.
Martine Deprez le constate : si le rythme des recrutements a ralenti ces derniers mois, le ralentissement a été encore plus marqué par le secteur Santé et Action sociale. Ainsi, le nombre d’actifs a, en moyenne, augmenté de + 5,% entre 2021 et 2022 tandis qu’il progressait de “seulement” + 2,2% pour les secteurs cités.
Ce développement freiné est constaté alors que le pays augmente en population, vieillit (et donc se retrouve plus demandeur de prise en charge) et où les services de soins sont de plus en plus sollicités par la patientèle frontalière notamment.
Mais le Secteur Santé est loin d'être le 1er concerné par un nombre important d'heures supplémentaires au Luxembourg. Dans un récent rapport, 👷 Construction, 📦 Transports & logistique et 🛒 Commerce étaient signalés comme les activités ayant le plus recours à cette possibilité.
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