Le présentéisme tient la forme… hélas
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 28/03/2025 à 06:03

Le coût de l’absentéisme pour les entreprises du Luxembourg. Introduire un jour de carence pour limiter les arrêts maladie ou absences de courte durée (idée repoussée au final). Régulièrement dans l’actualité sociale du Grand-Duché revient cette idée que les salariés seraient bien trop peu présents à leur poste. L’accumulation des semaines de congés, jours fériés et heures non-prestées pour cause notamment d’incapacité de travail pénalisant lourdement les entreprises.
La vérité ne serait pas aussi sombre si l’on en croit la Chambre des salariés (CSL). Ainsi, après avoir sondé quelque 2.900 employé-e-s (frontaliers comme luxembourgeois), il apparaît que 69% se sont rendus à leur poste alors qu’ils ne sentaient pas en forme. Un indicateur du Quality of work index qui témoignerait donc plutôt d’un « arbitrage majoritairement “en faveur” de l’entreprise effectué par les salariés ».
Qu’un travailleur se présente ainsi sur son lieu de travail malgré des ennuis de santé physique/psychologique qui nécessiteraient de s’absenter participe ainsi au présentéisme. Bien plus qu’à l’absentéisme tant décrié…
Revers de la médaille
D’après l’étude de la CSL, sur les douze derniers mois, les sondés se seraient ainsi rendus au boulot 12 jours en se sentant affaiblis. Cela contre 5,3 jours d’absence pour maladie. Le personnel ne serait donc si “fuyant” que cela. Voilà pour les a priori.
Mais la Chambre des salariés s’est intéressé à ce qui motiverait ainsi un personnel à préférer le bureau, l’atelier, le chantier plutôt que son atelier alors que fièvre ou douleurs l’assaillent. Bien entendu, le risque de perte de revenus ou d’emploi restent “l’incitatif” le plus souvent cité.
Mais il est des facteurs qui pousseraient aussi à ce présentéisme à tous crins. Comme la précarité des contrats, une ambiance de travail détériorée, des horaires décalés ou un manque de moyens pour bien exécuter les tâches confiées. Ainsi, moins la situation est confortable, plus le salarié malade se forcerait à retourner à son emploi.
Par effet miroir, l’autonomie laissée par l’employeur dans la pratique des missions, les bonnes relations avec les collègues ou le fait d’être entouré par un non collectif pour assumer sa charge de travail feraient que le salarié assume son état fébrile et se met à l’arrêt. Et ce ne serait là pas forcément négatif, ni pour l’intéressé-e ni pour son employeur.
Présence toxique
Ce présentéisme forcé peut en effet entraîner des conséquences préjudiciables au final. Pour le salarié d’abord, qui ne récupère pas pleinement et peut ensuite être contraint à des absences prolongées à plus long terme. Auprès de l’entourage professionnel ensuite : la propagation d’un virus ou d’une bactérie aux collègues pouvant aussi entraîner une augmentation des congés maladie en interne.
Pour l’entreprise, un salarié affaibli n’aura pas la même efficacité. Une productivité moins bonne qui peut se doubler d’erreurs plus fréquentes voire de négligences sur la sécurité (causant un sur-risque d’accident du travail).
Ces impacts sont bien évidemment chiffrables par l’employeur. Mais, pour la Chambre des salariés, il est des « coûts cachés » qui peuvent survenir dans une entreprise où le présentéisme des malades seraient fréquent.
Impact sur le moral des salariés “forcés” d’aller au travail même fiévreux ou en douleurs, « la diminution de leur satisfaction professionnelle, la naissance alors d’un désengagement, une hausse du turnover et une augmentation du risque que d’autres salariés se sentent aussi sous pression et se rendent malades au travail générant un climat défavorable à l’activité ».
D’où le conseil glissé par la CSL aux employeurs du Luxembourg : mieux vaut avoir de bonnes pratiques managériales et considérer qu’un malade doit d’abord se soigner, guérir avant de retrouver sa place qu’encourager à une “présence toxique” au final.
« La prévention, la non-stigmatisation, l’amélioration des conditions de travail, un climat de travail serein, la réinsertion bienveillante des personnes malades et un effort de compréhension des absences semblent constituer des fondamentaux pour prévenir autant le présentéisme que les absences pour cause de maladie », conclut la Chambre. À bon entendeur…
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