Le Luxembourg trop attractif pour les employeurs et les élus frontaliers ?
Publié
par
EddyThaux
le 06/12/2021 à 10:12
4 commentaires
210 400 travailleurs frontaliers franchissent la frontière luxembourgeoise chaque jour. 299 400 résidents sont étrangers sur 634 700 habitants. Le Luxembourg attire les travailleurs mais cela implique d’importants problèmes pour les communes frontières.
L’emploi frontalier : le nouveau minerai miraculeux de la Moselle
Dans son article du 3 décembre, dans le journal Le Monde, le journaliste Anthony Villeneuve a fait un très bon topo de la situation des communes frontalières : « Les mines ont fermé depuis longtemps, les hauts-fourneaux aussi. Dans les Ardennes, la crise industrielle a affecté la démographie : le département a perdu 20 000 habitants en vingt ans. La Moselle, un peu plus à l’est, en a gagné autant. Après le charbon et l’acier, on y a trouvé un nouveau minerai miraculeux : l’emploi frontalier ».
Ce sont près de 112 000 frontaliers français, 50 000 belges et 50 000 allemands qui chaque jour passent les frontières luxembourgeoises, attirés par de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, sans oublier les allocations familiales. Les élus locaux, en plus des problèmes de transport que posent ces « voyageurs » en saturant les routes, peinent à trouver des solutions pour convaincre les salariés à accepter des postes dans leur pays de résidence. Des emplois restent désespérément vacants aux frontières, pas assez attractifs.
Portraits de 3 employeurs, victimes de l’attractivité du Luxembourg
Voici 3 portraits d’entrepreneurs frontaliers qui expliquent leur impuissance face à l’attraction du Luxembourg, le pays voisin.
Je ne trouve pas d’employé à cause du Luxembourg
Je voudrais augmenter tous mes salariés !
Thomas, chef d’entreprise : “Face au Luxembourg, je n’ai rien pu faire”
Salaire : 4 000 euros au Luxembourg contre 1 500 euros en France
Anthony Villeneuve s’est interrogé sur ce qui pouvait pousser les Français à franchir la frontière ? Deux frontaliers interviewés font un constat souvent répété : le salaire avant tout.
Des postes hautement qualifiés dans les banques, les cabinets d’audit ou les institutions européennes. Mais surtout des niveaux de salaire beaucoup plus élevés qu’en France. « Le jour où j’ai signé mon contrat au Luxembourg, j’ai eu le sentiment de décrocher le jackpot, témoigne Céline Meducin, 49 ans, infirmière à la Croix-Rouge luxembourgeoise. J’étais préparatrice en pharmacie en France et je gagnais autour de 2 000 euros par mois. J’ai effectué une reconversion professionnelle pour devenir infirmière. En France, on m’a offert un poste à l’hôpital public pour 1 500 euros par mois, avec un CDD pour commencer. Au Luxembourg, on m’a proposé un CDI à 4 000 euros net, auxquels il faut ajouter des allocations familiales très avantageuses et une voiture de fonction. »
Jérôme Nimeskern, lui, affirme avoir multiplié son salaire par 2,5 en changeant de pays. En France, ce conducteur d’autocars de 36 ans travaillait pourtant au sein de l’entreprise familiale. « On ne pouvait pas s’aligner sur les salaires luxembourgeois, dit-il. Alors j’ai fait comme les autres, je suis parti. Je ne l’ai jamais regretté. »
Ces gros salaires irriguent l’économie française. Sur les parkings des centres commerciaux de Metz ou de Thionville, on ne compte plus les voitures de fonction des frontaliers, souvent des SUV allemands portant une plaque jaune.
« Sans le Luxembourg, la Moselle serait complètement paupérisée, constate François Grosdidier, président (Les Républicains) de l’Eurométropole de Metz et maire de la ville. Le Luxembourg est le pays le moins fiscalisé d’Europe alors que nous sommes le pays le plus fiscalisé du monde. Cela crée un appel d’air. On peut le déplorer en tant que Français, mais pour notre département, c’est une chance incroyable. »
A lire : Quel est le salaire d’une sage-femme au Luxembourg ?
A lire : Quel est le salaire d’un maçon au Luxembourg ?
A lire : Pascaline : des avantages valorisants, des heures perdues et aucun regret
Pour trouver un emploi au Luxembourg, cliquez ici.
Pour laisser un commentaire veuillez vous connecter ou inscrivez-vous.
chris tophe
Grosdidier à raison. Si la France n'était pas un enfer fiscal, les salaires seraient pres du double et supérieurs à ceux du Luxembourg. Les charges sociales pèsent lourdement.
Heureusement qu'il y a le Luxembourg, sinon la Moselle serait comparable au Nord Pas de Calais complètement sinistres par la desindustrialisation. A ce titre ce qui attire au Luxembourg c'est déjà d'avoir un emploi, surtout chez les diplômés. La France est championne pour produire du bac+5 mais les emplois sont uniquement localisés dans les grandes métropoles (Metz n'en faisant pas parti). Pour un ingénieur la seule solution pour vivre en Lorraine est d'aller travailler au Luxembourg.
lilimn
Il faudrait arrêter les salades , tout le monde ne gagne pas ce montant au Luxembourg !! Il y a des ouvriers qui malgré 25/30 ans d'ancienneté gagnent encore le minimum salarial et partent en retraite avec ce même montant , au Luxembourg il y a beaucoup de sales boulot que personne ne veut faire et ce sont les frontaliers qui acceptent , alors stop !! 2000 euros au bout de 25 ans en temps plein avec les bouchons sur la route ect ... 2000 euros c'est pas la lune et loin des 4000 annoncés .
alcaso54
Grosdidier gagnerait en sérieux s'il arrêtait de faire de jouer le Luxembourg contre la France. Et il gagnerait en crédibilité s'il regardait de plus prêt la situation financière des communes frontalières françaises.....et puisqu'il parle de paupérisation des communes, il n'est pas sans savoir que selon une étude commanditée par son ami président du Conseil Régional Grand Est, la commune de Thionville ( deuxième commune de la région pour le nombre de frontaliers qui y résident) est classée commune pauvre....comme Longwy......Audun le Tiche......Villerupt......et des dizaines d'autres. Autant de communes ou la proportion de frontaliers dépasse allègrement les 50...60 voire plus de 70 % de la population active. A force d'aspirer les forces vives et l'activité économique sur son territoire, de capter toute la richesse produite sans rien redonner aux communes de résidence des frontaliers....celles ci sont d'ores et déjà paupérisées....Visiblement Grosdidier a quelques difficultés de compréhension du phénomène frontalier....mais le Luxembourg le sait ...et il continue à foncer dans le mur.
walace
Y a qu'une réponse simple , faut lâcher les billets verts et ils y aura du personnels qualifiés pour travailler du côté français.
Les arguments pour faire venir le personnel qualifié c'est des avantages pitoyable et même pas capable de parler de salaire net .Leur salaire brut on dirait un acompte......
Travailler en France c'est juste pour la gloire....