Le bras de fer social va prendre des allures de marathon
Publié
par
Yves Greis
le 28/01/2025 à 17:01
Il l’a déjà dit voilà six mois, mais Patrick Dury ne retire rien à son sentiment : « Le Luxembourg subit les pires attaques contre son modèle social depuis la Seconde Guerre mondiale ». Et ce n’est pas son homologue de l’OGBL Nora Back qui dira autre chose que le “patron” du LCGB. D’ailleurs, c’est bien simple depuis l’automne ils ne parlent que d’une même voix. Voix de plus en plus forte d’ailleurs…
Et ce front syndical uni n’a visiblement pas l’intention de baisser le ton. Au contraire, les voilà resserrant un peu plus les rangs et bombant le torse face au gouvernement et au patronat luxembourgeois. Les syndicats ont développé une identité et un programme et même créé un site internet (www.frontsyndical.lu) pour informer sur le bras de fer social qu’ils entendent mener nationalement.
Première action : mercredi 5 février avec une manifestation devant la Chambre des députés par les représentants syndicaux, militants et personnels du secteur du Commerce. Le lendemain, un second rassemblement se tiendra au Casino syndical (derrière la Gare de Luxembourg) notamment pour dénoncer les mesures envisagées sur le travail dominical ou les horaires d’ouverture “à la carte”.
« La confiance est entamée »
Visiblement les mains tendues du Premier ministre ces derniers temps ou de sa majorité ne suffisent pas. Ou ressemblent plus à des postures qu’une réelle volonté de renouer le dialogue. Et Nora Back de pointer un exemple : voilà deux semaines que Luc Frieden a promis une table ronde des partenaires sociaux et… rien ne vient.
Pas plus qu’OGBL et LCGB n’ont ressenti un changement de méthode, au-delà du ton. « Tout semble être décidé par les politiques sans nous entendre (…) La confiance est entamée. »
L’absence de vraie écoute et de débat porte aussi sur la question des retraites ou encore des futures modalités dans la signature des Conventions collectives. Certes un pas en arrière a été fait, mais OGBL et LCGB ont encore des doutes sur la méthode que fera voter pour atteindre l’objectif fixé par l’Union européenne : 80% de salariés couverts par ce type d’accord.
Sans trop de précaution, le ministre du Travail avait affirmé l’été dernier qu’il entendait parvenir à ce niveau en permettant aux représentants élus du personnel “neutres” (non affiliés à un syndicat donc) de pouvoir conclure une convention collective. Pour Patrick Dury, cela reviendrait à faire appel en fait à des “délégués du patronat” au pire, ou le plus souvent sans l’expérience et la connaissance des réalités sociales comme peuvent l’avoir les syndicats…
Cinq mois pour la désescalade
D’ailleurs, ce n’est pas sans malice qu’OGBL et LCGB s’appuie sur un avis demandé à la Président de la Commission européenne, Ursula von der Leyen en personne. Et celle-ci penche visiblement de leur côté, affirmant : « Seuls les contrats collectifs conclus par des syndicats doivent être pris en compte lorsque le taux de couverture des contrats collectifs est calculé dans l’esprit de la directive ».
En attendant que, les yeux dans les yeux, le Gouvernement CSV-DP en discutent avec les organisations syndicales, le “front” demande le gel de toute démarche à la Chambre des députés (comme le dépôt de projet de loi portant sur le monde du travail).
D’ailleurs, si rien ne s’arrange dans les relations entre partenaires sociaux, OGBL et LCGB ont déjà coché la date du 28 juin. Cette fois, ce sera une grosse manifestation qui risquerait de s’organiser. Mais d’ici là, les syndicats l’assure : leur porte est ouverte à une désescalade. « En attendant, ce sera un marathon et non un sprint social », prédit Patrick Dury. À vos marques, prêts, luttez !
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