Revenir à la table du dialogue social, ni Patrick Dury ni Nora Back n’y sont pas opposés. Au contraire, les leaders respectifs du LCGB et de l’OGBL l’attendent. Mais pas à n’importe condition s’il s’agit du CTPE (Comité permanent du Travail et de l’Emploi). En effet, la dernière rencontre du genre -en octobre dernier- s’était finie… en grosse colère. Les syndicats n’appréciant guère la position du ministre Georges Mischo sur une possible réforme des modalités de signature des Conventions collectives (qui les exclurait en partie des négociations).

Depuis, un front syndical s’est formé, un appel à la manifestation nationale a été lancée, et la tension n’est guère retombée. Aussi, alors que le ministre du Travail a relancé une invitation pour un CTPE ce mardi 4 mars, OGBL et LCGB l’annoncent : ils assisteront à la réunion mais n’entreront dans les débats que si les « dossiers litigieux » figurent à l’ordre du jour. A minima si le ministre les évoque et adoucit quelque peu les positions exprimées voilà cinq mois.

Ce n’est donc pas un ultimatum mais un avertissement que les deux formations viennent d’adresser à Georges Mischo. « Avant toute nouvelle discussion », il est demandé (exigé ?) que le gouvernement garantissent le droit de signature et de négociation des Conventions pour les syndicats et s’engagent à « ne pas restreindre le contenu des Conventions ». Faute de quoi ce sera motus de la part des représentants OGBL et LCGB.

Sourd ou pas

Pour cette réunion de mardi, la liste des “points chauds” que les syndicats veulent voir aborder comprend le projet de loi qui voudrait qu’un chômeur puisse demander ses indemnités de chômage complet en ligne (jamais discuté en CPTE) ou encore la redéfinition du rôle de l’ITM.

En effet, depuis plusieurs mois, l’Inspection du travail luxembourgeoise se voit reprocher d’être trop tatillonne (et surtout punitive). D’aucuns, parmi les organisations patronales, voudraient donc plus volontiers l’occuper à des missions de conseils aux entreprises…

Par ailleurs, les syndicats veulent aussi avancer plus vite sur la transposition dans le Droit national d’une directive européenne sur le travail des plateformes (et la façon dont elles doivent traiter leurs employés). Évoquer aussi avec l’État et les autres partenaires sociaux des lois encadrant le maintien dans l’emploi et les plans sociaux au pays.

La liste comporte aussi d’autres points et il sera intéressant de voir si, oui ou non, Georges Mischo reste sourd à ces demandes. En tous cas, c’est à lui que revient la responsabilité de (tenter de) renouer un dialogue social sérieusement dégradé depuis l’automne.

Étrangement, Luc Frieden confie cette lourde charge à son ministre alors qu’il avait annoncé vouloir reprendre contact, en personne, avec les syndicats fâchés. Il l’a dit en fin d’année, répété début 2025. Mais la “Sozialdesch” promise n’a finalement pas eu lieu… Le chef de Gouvernement se garderait-il cette “table ronde” comme un ultime recours social ?


Suivez aussi nos actualités sur Instagram