Chaque trimestre, la Chambre des métiers du Luxembourg sonde ses membres. Un pouls socio-économique qui, aujourd’hui, apparaît comme bien faible. Ainsi, à écouter les réponses données par quelque 1.100 entreprises du secteur de l’Artisanat, force est de constater que les doutes ont succédé aux enthousiasmes : « l’indicateur de l’activité a continué de baisser fortement au 2e trimestre 2023 et les chefs d’entreprises prévoient un nouveau recul à court terme », indique ainsi le dernier “bulletin de santé” établi.

C’est grave, docteur ? Disons, que tout n’est pas si noir. Ainsi, par exemple, le secteur de la mécanique se redresse. Au cours du premier semestre 2023, près de 26.500 nouvelles immatriculations ont été enregistrées quant les concessions en réalisaient 20% de moins de janvier à juin 2022. Du côté des artisans actifs dans la mode, la santé ou l’hygiène, la clientèle semble de retour. Mais gare si les répercussions de l’inflation venaient à trop peser sur les prix des prestations ou des produits, craignent les professionnels.

Mais, au bilan, tout n’est pas rose non plus… Les garages ont, parfois, encore du mal à trouver toutes les pièces pour effectuer des réparations. L’alimentaire a vu ses prix grimper (au-delà des 10% en un an) et la consommation des ménages tend à chuter. Et comme les familles luxembourgeoises semblent avoir pris goût à l’épargne  (4 milliards d’euros de dépôt en juin dernier), les intentions d’achat semblent se reporter de plus en plus…

Louable mais… insuffisant

Reste qu’incontestablement c’est bien le secteur de la construction qui apparait dans la situation la plus précaire. Le congé collectif (qui vient d’arriver à terme) n’aura pas suffi à balayer les problèmes de la branche : les 4.000 entreprises restent sur la sellette.

Pour la Chambre des métiers, il est aujourd’hui question de « crise historique ». En tout cas inédite depuis le rebond de l’immobilier à partir des années 90. Les ventes d’appartements finis ou en voie d’achèvement sont au plus bas, le nombre d‘autorisations à bâtir (en baisse de plus de 20% par rapport à la période d’avant-Covid) ne laisse pas augurer de jours meilleurs. Tout comme des taux d’intérêts encore hauts dissuadent les acheteurs potentiels et donc mettent à mal les programmes de construction pour demain.

Certes, l’État a bien activé 13 mesures d’urgence et dégagé 150 millions d’euros pour “sauver” le secteur. Mais aussi « louable » soit cet effort, l’Artisanat estime que le secours reste « insuffisant ». Alors que 4.600 salariés pourraient faire les frais de chute de la demande, les patrons demandent au gouvernement « d’actionner tous les leviers à sa disposition pour encourager les investissements dans la pierre et de redonner une perspective » aux sociétés.

Pour convaincre Xavier Bettel et les ministres impliqués dans le dossier (Fayot, Delles, Bausch, Backes), la Chambre des métiers a fait ses comptes : le pays a tout à perdre à voir la Construction freiner aussi fortement son activité et se voir, qui sait, dans l’obligation de se séparer de 8% de ses ouvriers, faute de chantiers.

Selon le calcul de l'organisation, les finances publiques y perdraient 600 M€ de rentrées fiscales (sur le chiffre d’affaires ou les droits d’enregistrement), 132 M€ de TVA récupérés en moins mais tout de même 109 M€ à dépenser au titre de l'indemnisation des chômeurs engendrés par cette crise.

Et quand un secteur qui pèse 1/5e de l'emploi du Grand-Duché et s'avère être le 1er secteur-employeur du pays parle ainsi, il y a tout lieu de l'écouter... D'ailleurs, le patronat luxembourgeois, par la voix de l'Union des entreprises (UEL), invite les politiques à vite réagir : « Attendre la formation d'un nouveau Gouvernement à l'issue des élections d'octobre pour mettre en place des mesures additionnelles n'est plus une option à considérer au vu de la gravité du contexte », estime l'organisation.

 

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