La « quick mobilité », ou comment démissionner à vitesse grand V ?
Publié
par
Aymeric Henniaux
le 28/12/2022 à 06:12
À peine arrivé et déjà sur le départ ? À en croire les résultats de la dernière enquête du cabinet de recrutement international Robert Walters, parus il y a quelques jours, les cadres n’auraient jamais été aussi nombreux en 2022 à penser très sérieusement à démissionner. Objectif avoué : trouver un nouvel emploi mieux rémunéré.
Rien qu’en France, « on a des augmentations de 10 % à 19 % sur les taux de démission ; au premier trimestre de cette année, on a enregistré 520 000 démissions dans l’Hexagone ! », renseigne Élodie Chevalier, chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers et à l’université de Montréal.
Démissionner pour gagner plus
Précisément 43 % des salariés cadres ayant posé leur lettre de démission au cours des douze mois de 2022 l’ont fait à cause d’un salaire qu’ils jugeaient trop faible. Parmi celles et ceux qui ont fait le choix de rester en poste, ils sont 71 % à envisager de demander une augmentation.
Mais attention, les auteurs de l’étude du cabinet Robert Walters préviennent : « Six cadres sur dix se déclarent prêts à quitter leur emploi si leur augmentation n’est pas supérieure à l’inflation. » Ce qui, pourtant, devrait bien être le cas en 2023…
Quant à ceux qui vont au bout de la démarche, les démissionnaires donc, l’enquête indique qu’en moyenne, ils peuvent espérer gagner 17 % de plus dans leur nouvelle entreprise. Et pour cause : Coralie Rachet, managing director chez Robert Walters France, souligne que « lorsqu’ils postulent, les candidats additionnent en général leur ancien fixe et part variable pour en faire la base de négociation de leur futur fixe ». Un montant souvent non-négociable pour eux.
Partir, oui, mais partir vite
L’enquête réalisée par le cabinet de recrutement met en avant une autre tendance : la « quick mobilité », que l’on pourrait traduire en français par une mobilité externe express. Ainsi, « un quart des cadres a quitté son entreprise dans les deux ans suivant son arrivée et 12 % n’ont même pas terminé leur période d’essai », dévoilent les auteurs de l’étude.
Après une recherche de quelques semaines, Charles, jeune cadre luxembourgeois de 32 ans, trouve une place dans une importante société bancaire située sur le plateau de Kirchberg. Un poste pour lequel il reconnait n’avoir « qu’un intérêt modéré ».
Pour autant, il envisage initialement de rester dans l’entreprise « au moins une année, afin d’éviter une expérience professionnelle trop courte qui pourrait poser quelques questions à de futurs recruteurs ».
Cependant, moins de trois mois après avoir débuté son contrat, un coup de téléphone rebat toutes les cartes : « C’était la responsable des ressources humaines d’une autre boîte où j’avais également candidaté. Elle m’annonçait que j’étais finalement retenu ! Le salaire était meilleur, tout comme les avantages proposés ; je n’ai pas hésité et ai annoncé à mon employeur que je partais à l’issue de ma période d’essai. »
Un passage éclair qu’il ne regrette nullement aujourd’hui, à l’image des milliers de cadres ayant fait de même au cours de l’année 2022.
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