Comme les syndicats avant elle, c’est peu dire que la Chambre des salariés (CSL) n’apprécie guère le projet de loi que va tenter de faire passer le Gouvernement luxembourgeois en guise de transcription à l’échelle nationale d’une directive européenne sur le salaire minimum et les conventions collectives. Et c’est à l’unanimité qu’elle vient d’émettre un avis négatif sur le texte défendu par le ministre du Travail. Un Georges Mischo qui, selon la CSL, n’a pas vu (ou voulu voir) que le “salaire minimum adéquat” telle que préconisé par l’Europe impliquerait d’augmenter de +3,1 % celui acciordé au Luxembourg, par exemple.

Et encore, rappelle la Chambre des salariés présidée par Nora Back, pour atteindre le budget de référence calculé par le Statec afin de mener une « vie décente », il faudrait même qu’il progresse de 32,7%… Bref, « en substance, le projet de loi actuel n’apporte pas d’améliorations concrètes pour les travailleurs », tranche la CSL.

Sur le volet du déploiement à venir des conventions collectives, là aussi, ça coince. La directive européenne invite les États membres à augmenter le quota de travailleurs “couverts” par une convention collective. Actuellement, seuls 53% des salariés au Luxembourg disposeraient d’un tel texte, l’UE estime que 80% serait un niveau à atteindre.

Vers une manifestation ?

Pour atteindre ce seuil, Georges Mischo propose que les conventions collectives soient à l’avenir négocier et signer sans la présence obligatoire des syndicats nationaux. Le ministre chrétien-social faisant remarquer que les représentants des salariés “non-cartés” représentaient 56% des élus lors des dernières élections sociales.

Inadmissible pour la Chambre qui voit là poindre une détérioration dans le dialogue social à l’échelle des entreprises du pays. Et la CSL d’insister que les salariés des délégations du personnel sont dans une relation de subordination vis-à-vis de leurs employeurs, ce qui pourrait compliquer les négociations ou les faire plus systématiquement tourner dans le sens de l’employeur.

En début de mois, les syndicats OGBL et LCGB avaient qualifié de « pire attaque contre le modèle social luxembourgeois depuis 30 ans », la volonté du gouvernement de faire passer cette mesure. Le ministre leur ayant rappelé qu’au final, c’était lui qui déciderait… L’ALEBA, à son tour, est venu dire son opposition à la réforme telle qu’à l’étude à la Chambre des députés.

L’avis de la Chambre des salariés est le premier d’une série de conclusions à venir sur le projet de loi soutenu par la majorité CSV-DP. D’autres instances, du Conseil d’État au patronat, vont aussi y apporter leur regard. Sans oublier le travail de la Commission Travail avec des députés qui pourraient être tentés d’infléchir le texte ou le garder en état.

Reste qu’avec les crispations récentes sur diverses mesures envisagées (comme la réforme des retraites ou le travail dominical), LCGB et OGBL réfléchissent à une action de protestation en commun. La date du mardi 3 décembre circule, reste à définir la forme de ce mouvement de colère.

 

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