En 2017, après avoir travaillé quinze ans en Belgique et un salaire net de moins de 1 500 €, elle décroche un emploi au Luxembourg. Ca faisait des années qu’elle voyait tous les matins ses deux voisins et quelques uns de ses amis partir vers le Luxembourg, pour certains avant 7h chaque matin et souvent, elle réfléchissait pour elle-même.

Un emploi similaire pour 1 000 euros de plus et les allocations familiales

Quand son dernier fils a eu 16 ans, elle a commencé à envoyer quelques candidatures, et la voilà avec un CDI au Luxembourg et un salaire de 2500 euros net. Malgré les difficultés de circulation certains jours, elle parcourt ses 45 km avec l’impression enfin d’être payée à sa juste valeur. Pas le choix de prendre sa voiture car elle est amenée deux ou trois fois par semaine à se rendre chez des clients dans tout le Grand-Duché du Luxembourg. « Je faisais le même boulot qu’en Belgique, avec 1 000 euros de plus et les allocations familiales pour mes enfants plus élevées. J’avais l’impression d’être enfin payée pour mon travail ».

Deux ans de télétravail et des habitudes dont on ne se défait plus

En mars 2020, au premier confinement, elle s’organise tant bien que mal pour travailler de chez elle avec une connexion moyenne et toujours un dossier manquant.

Au cours de 2020 et 2021, durant la pandémie, entre les confinements, les obligations de télétravail et les cas contacts, elle prend de nouvelles habitudes comme des rendez-vous en visio, un rythme différent, sans stress de transport, sans temps perdu dans les bouchons et une nouvelle connexion internet !

A 45 ans, elle a l’impression d’avoir vieilli très vite et perdu une bonne part de son dynamisme.

Son patron lui demande de revenir à plein temps pour de bonnes raisons. En effet, les autres collègues sont tous revenus et sont présents notamment aux réunions. De plus, quelques clients ont été perdus car ils n’ont pas eu les conseils personnalisés en présentiel, habituellement dispensés par la société.

La fin du télétravail mais l’impossibilité de retourner au bureau

Le 3 janvier 2022, ayant été prévenue courant décembre de la fin du télétravail, après une nuit agitée, elle se réveille avec une angoisse comme elle n’avait jamais connu. Impossible de se lever sans risquer de faire un malaise vagal. Après quelques heures, elle décide d’envoyer un message à son patron pour lui dire qu’elle ne se sent pas bien et qu’elle ferait tout de même son travail depuis chez elle.

Le lendemain, bien décidée à ne pas se laisser aller, elle se prépare et monte dans sa voiture.

La frontière approche et elle voit les premiers ralentissements. Elle freine brusquement et l’automobiliste derrière l’évite de justesse mais klaxonne énergiquement. Elle redémarre « comme un zombie » , précise-t-elle, et prend la première sortie pour retourner chez elle. Le médecin la mettra en arrêt une semaine.

L’expérience du télétravail m’empêche de retourner travailler au Luxembourg

Depuis janvier, Carole n’est retournée à son bureau que quatre jours et a été en arrêt maladie à trois reprises (pendant une semaine à chaque fois). Elle a réussi à convaincre son employeur que c’était passager et qu’elle travaillait autant qu’au bureau. « Je suis en sursis. Je sais que le fait d’être en télétravail pose des problèmes pour mon patron, surtout vis-à-vis de mes collègues qui pour certains, aimeraient aussi avoir un jour ou deux par semaine en télétravail ».

Son médecin lui parle d’angoisse, de stress… elle qui n’a jamais connu une telle émotion : « Tant que j’étais dans le rythme, je ne me posais pas de questions. Je savais que la journée serait longue, sûrement ponctuée de bouchons mais j’aimais aller travailler. Maintenant j’angoisse. Je ne comprends pas pourquoi. Après pratiquement deux années en télétravail, je me sens mal à l’aise au bureau. Je crois que je n’ai plus envie d’être entourée de collègues qui sont pourtant vraiment sympas.»

« J’ai regardé les annonces d’emploi en Belgique mais les salaires sont tellement bas dans mon domaine…J’aurais aimé ne jamais connaître le télétravail et vivre normalement, avec des journées de travail normales ».

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