Il y a une dizaine d’années, Mélanie Paquin débarquait au Grand-Duché. Cela avec un diplôme d’école de commerce en poche et la fraîcheur d’une nouvelle recrue intègre un “big four”. La « voie royale » pour la jeune femme qui, malgré ses incertitudes quant au choix de son métier, se souvient d’une certaine fierté au moment de rejoindre ce cabinet d’audit international. L’épisode fut finalement de courte durée, tant la salariée s’est rapidement sentie happée par un milieu ne lui correspondant pas.

« J’avais l’impression de revivre mes années d’école de commerce. Les soirées after-work, des gens qui se prennent au sérieux, je ne me sentais pas dans mon élément », assure celle qui ne résistera qu’un an et ½ au rythme infernal imposé par sa hiérarchie, l’insurmontable masse de travail et la charge mentale professionnelle. La demoiselle reste persuadée que sa voie est ailleurs, et enchaîne deux expériences plus longues à des postes à responsabilité en entreprises.

« Je voulais créer quelque chose de mes mains, avoir la satisfaction d’accomplir des tâches concrètes et aussi avoir plus de liberté ». C’est par hasard, en se baladant sur les réseaux sociaux, qu’elle sera alors frappée par l’esthétisme d’un compte de “nail art”. Le terme désigne la pratique de décoration des ongles avec des techniques plus ou moins complexes. Mélanie, qui n’avait jamais mis les pieds dans un salon de beauté, commence à s’informer, suit quelques courtes formations et se découvre un intérêt inattendu pour cet artisanat.

Nouveau rythme et partage

« Je n’attendais qu’une chose, terminer ma journée de travail classique pour commencer une nouvelle journée à faire des ongles. J’avais une nouvelle énergie», sourit-elle.  C’est après un investissement plus important dans une formation intensive, qu’elle décide de se lancer, d’investir un local à Strassen et de débuter sa nouvelle carrière. Très vite, la jeune femme s’éclate, remplit facilement son carnet de rendez-vous et se verse son 1er salaire.

Aujourd’hui, après avoir pris « la meilleure décision professionnelle de sa vie », elle affirme percevoir un revenu 25% plus élevé que lorsqu’elle était salariée, la liberté en plus. Gérer son planning à son rythme, prendre des vacances quand bon lui semble,  avoir du temps libre, bref, la résidente savoure les petits plaisirs de la vie d’indépendant. Expérience qu’elle veut également transmettre à de nombreuses candidates à la reconversion.

Plusieurs fois par mois, elle se mue en coach et conseille des stagiaires toujours plus nombreuses. « J’essaye de proposer une formation que j’aurais aimé avoir, avec la partie business en plus », explique celle qui se sert de son expérience en finance pour parler de business plan, fixation de prix, marketing…  « On est nombreux à se planter de voie mais ce n’est pas nécessairement définitif » : voilà le message passé.

Suivie par près plus de 11.000 abonnées sur Instagram, son studio jouit aujourd’hui d’une notoriété locale qui lui permet d’occuper une place de choix sur le marché. Pour rien au monde d’ailleurs Mélanie Paquin ne reviendrait à sa vie d’avant.  « Je me définissais à travers le regard des autres, j’étais fière de dire je travaille dans la finance, cela était important, cela me légitimait… », se souvient la manucure.

Après son virage à 180 degrés, elle décrit avec humour le regard que certains portent sur elle. « Accepter de faire les ongles, c’est parfois recevoir des remarques condescendants, être prise pour la “cagole du quartier”. Quoi qu’on fasse, on est critiqué, alors autant être critiquée pour quelque chose qu’on aime faire ! », tranche la trentenaire.

 

👩‍🔧Envie de changer de job ?
Découvrez nos offres en rubrique EMPLOI