Eléa, frontalière : “Sur la route, c’est pire qu’avant”
Publié
par
Chrystelle Thevenot
le 24/06/2021 à 06:06
7 commentaires
Dur, dur après près d’un an de télétravail, de retourner dans son entreprise. Décoratrice d’intérieur depuis près de 6 ans, Eléa, 36 ans, habite à Metz.
« A la frontière, ça bouchonne comme avant »
Sa voiture est devenue un outil de travail indispensable puisqu’elle y charge le matériel nécessaire pour réaliser ses aménagements intérieurs chez ses clients. Avant la crise sanitaire, elle se plaignait déjà des bouchons sur la route notamment à la frontière du Luxembourg dès 7h30 et après 17h.
Après un an de télétravail, et une reprise en douceur de son activité, elle avoue avec ambages « que rien n’a changé. Je ne sais pas si c’est une idée mais je trouve que c’est pire qu’avant ».
Elle constate que les frontaliers circulent toujours seuls dans leur voiture : « à croire que les bonnes résolutions de la pandémie n’ont pas fonctionné. Ca klaxonne pour rien et tout le temps. Dès qu’on peut faire une queue de poisson pour gagner des précieux mètres dans un embouteillage, personne ne s’en prive ».
La mobilité : « c’est le point noir quand tu travailles au Grand-Duché. Les pays frontaliers se bataillent avec le Luxembourg pour aménager les axes routiers à savoir qui va payer tels ou tels tronçons en attendant ce sont les travailleurs qui trinquent » s’insurge-t-elle « Tous les frontaliers ne sont pas de retour au travail. Je redoute sincèrement le mois de septembre, la fin du télétravail au Luxembourg ».
Contact social : la traditionnelle bise
Rien n’a changé sur la route aux heures de pointe, certes. En revanche, Eléa remarque que l’ambiance générale dans l’entreprise n’est plus la même. En commençant par la traditionnelle bise pour saluer ses collègues. Après des mois sans contact physique, il semblerait bien que des réflexes de prudence se soient installés : « Faire la bise à quelqu’un, c’est aussi lui refaire confiance, marquer une relation de proximité entre deux personnes et après 15 mois de crise sanitaire. Pas de bises, pas de chaleur humaine ». Une petit changement que la pandémie a laissé derrière elle.
Elle alerte aussi sur une vague de lassitude qui plane au sein de sa société : « Les salariés en télétravail sont épuisés par le stress. La peur de perdre son travail, la solitude de ces mois de confinement ont plombé le moral. Beaucoup sont de retour dans l’entreprise sans avoir pris de véritables vacances. La motivation a laissé place à la démotivation ». met-elle en évidence.
Lire L’impact de la crise sanitaire sur les travailleurs au Luxembourg
Pause déjeuner : pas vaccinée, galère !
Pour les pauses déjeuners à 12h30, Eléa ne les fait plus au restaurant, pour le moment. Toujours en attente de vaccins, elle effectue des autotests nasaux régulièrement : « Tu le fais parce que dans les restaurants, c’est devenu quasi obligatoire. Au début, c’est bien puis avec le temps, tu te décourages ».
Masques, tests PCR en cours de validité, Covid Check...de nombreux salariés préfèrent se restaurer dans l’entreprise : « Je prépare mon repas fait-maison et je prends une pause à l’extérieur, dans un espace verdoyant, au calme. C’est finalement plus simple ». La convivialité avec les collègues autour d’une agape, Eléa souhaite attendre encore un peu « A la rentrée, si nous ne sommes pas confrontés à une 4e vague en France ».
“Télétravail” ne rime pas avec “Télé”
Que retient-elle de la crise sanitaire ? Une victoire certaine, celle du télétravail. Eléa a démontré à son employeur que le télétravail ne rimait pas avec « télé comme beaucoup peuvent le penser ».
Selon elle, le gouvernement au Luxembourg devrait soutenir ce nouveau mode de fonctionnement pour le bien-être de ces milliers de frontaliers : « Il faut trouver un accord entre présentiel et distanciel. La Belgique négocie actuellement 48 jours au lieu de 24 ; pourquoi ne pas faire la même chose avec la France ? ».
Dans sa vie privée, Eléa, divorcée, est maman d’une fille de 13 ans : « Je me suis rendue compte que la vie de famille était encore plus importante. Elle t’apporte un équilibre. J’ai réussi à jongler, sereinement avec ma vie professionnelle riche et ma vie de famille durant cette crise. Je ne suis plus prête à sacrifier ma vie privée comme j’avais pu le faire avant (la crise) ».
De retour à temps plein au Luxembourg en septembre, elle espère que tout le monde sortira grandi de cette expérience un peu « exceptionnelle ».
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Lire Irina, surdiplômée : « Sans enfants, tu te réalises pleinement dans ton travail »
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Raptor57
Laissez tomber, nombre de personnes sont de mauvaises fois et justifient le fait d'habiter près delà frontiere pour gagner 1 heure...
Toutes les personnes que je connaisse qui habitent hettange, volmernange, mettent entre 45 min et 1 h pour aller au Kirchberg quand cela bouchonne.... Ceux qui mettent 20 min, c'est sûrement ceux qui bossent dans les zones industrielles de Bettembourg ou dudelange...
Raptor57
Vous mettez 20 minutes à 500m de la frontière pour aller à Luxembourg ville ou Kirchberg ? Moi, perso, cela m'a toujours fait rire ceux qui avancent cela et mettent plutôt 45 minutes que 20 min... voire à 1 heure... À moins de partir de chez vous à 3h du matin ou le dimache ????
zapoyok
Sans doute parce qu'il faut deux fois plus de temps pour faire les 17km de la frontière à Luxembourg-Ville que de faire les 50km de Metz (centre) à la Frontière ... et que les bouchons ne commencent qu'au Luxembourg (à de rares exceptions)
Sylts5772
Sauf que ça n'est pas qu'une question de distance, mais plutôt de temps. Certains de mes collègues ont plus de kilomètres que moi, mais leur trajet est moins semé d'embuche. Malheureusement, les temps pour se rendre au travail se rallongent considérablement d'année en année et ce qui est acceptable à un moment T ne l'est plus par la suite. Mais bien sûr, c'est un choix et si la situation est trop stressante, libre à chacun d'essayer de se rapprocher, soit de son travail actuel, soit un nouveau travail plus proche du domicile.
Bien dommage tout de même que les frontaliers ne puissent compter sur les trains :(
Exilor
A partir du moment où vous habitez à moins de 6.9km de la frontière...
Blague à part , en étant à + de 50km de la frontière il faut être réaliste, à moins de débarquer dans la région(ce qui n'est pas le cas de la personne dans l'article), on est au courant que c'est compliqué sur la route en venant d'aussi loin...
Donc à partir de là , soit on accepte cet inconvénient , soit on déménage... On ne peut pas tout avoir (la qualité de vie sur Metz) , et la possibilité d'être au boulot en 20min(ce qui est mon cas en habitant à 500m de la frontière).
Tout est question de priorités dans la vie...
Sylts5772
A partir de quelle distance a t'on le droit de se plaindre ?
Exilor
Ça me fera toujours rire les gens qui se plaignent des bouchons alors qu'ils viennent de Metz pour bosser au Lux...